« Démonétisés » par l’accord conclu par le président Faure Gnassingbé avec le principal parti d’opposition, l’UFC de Gilchrist Olympio, aigris par leur remplacement par des leaders plus jeunes, les « retraités » de l’opposition togolaise des années 1990 voudraient bien reprendre du service en surfant sur la vague tuniso-égyptienne.
Aux premières loges de la contestation nouvelle, l’on retrouve deux responsables, Jean Degli et Zeus Ajavon, qui cherchent à manipuler les défenseurs des droits de l’homme en les incitants à créer de nouveaux mouvements. Pour ceux qui connaissent bien la scène togolaise, l’on remarquera que Ajavon -qui n’en est pas à une contradiction prés- défend en sa qualité d’avocat le frère putschiste de Faure Gnassingbé, emprisonné et accusé par la DEA américaine d’avoir trempé dans un trafic international de cocaïne. Vieux cheval sur le retour, le septuagénaire Maître Agboyibor- qui a perdu le contrôle du parti CAR qu’il a fondé- reprendrait à cette occasion du service.
Le responsable de l’ANC Jean-Pierre Fabre- déçu par la faible mobilisation de ses manifestations de samedi dernier – est quant à lui à la recherche d’un nouveau souffle. Reçu brièvement au quai d’Orsay, il est sorti requinqué de son entrevue, bien que le porte-parole des affaires étrangères françaises n’aie pas jugé utile de citer la visite de l’opposant.
Pendant ce temps l’alliance inédite Faure-Olympio semble marquer des points, et le pays est comme sorti de sa torpeur pour devenir un immense chantier. Multipliant les entrevues et les alliances, le président Faure Gnassingbé a réussi à muscler l’aide internationale et à attirer de nouveaux investisseurs. Le port de Lomé, notamment, est en pleine expansion et compte bien profiter des difficultés d’Abidjan et de Cotonou afin de récupérer une part du gâteau. Il ya moins de cinq ans, les observateurs ne donnaient pas cher de la peau de Faure Gnassingbé, mais ce dernier s’est révélé un redoutable manœuvrier, semant la zizanie au cœur des rangs de l’opposition.
Face au bulldozer Faure Gnassingbé, les vieux routiers des années 1990 sont victimes d’une sortie de route. Has been ils sont, has been ils resteront.