« Ils sont tous nerveux en ce moment, le doigt sur la gâchette ». C’est en ces termes qu’un très bon connaisseur de l’Algérie dépeint la situation actuelle dans le pays d’un million de martyrs. Sauf qu’en lieu et place de fringants cowboys, ils s’agit de septuagénaires, ou de sexagénaires dans le meilleur des cas, à s’affronter dans une mêlée générale où tout le monde tire sur tout le monde.
Les deux principaux protagonistes sont Abdelaziz Bouteflika, âgé aujourd’hui de 81 ans et épaulé par Saïd, son frère de 60 ans. En face, c’est le général Ahmed Gaïd Salah qui trône du haut de ses 78 ans à la tête de l’armée du pays. Les deux camps se regardent depuis des mois en chiens de faïence en prévision de l’échéance électorale de 2019. Le chef d’état-major ne veut pas d’un cinquième mandat pour l’actuel président, très diminué physiquement et désormais imprésentable au peuple et aux chefs d’Etats étrangers. Le clan présidentiel sait aussi qu’un cinquième mandat jetterait l’Algérie au ban des nations, puisque le spectacle donné par Abdelaziz Bouteflika à chaque fois qu’il doit apparaître en public est non seulement pathétique, mais dramatique. La parade trouvée à Al Mouradia est celle de nommer un vice-président après une pirouette constitutionnelle. C’est notamment autour du choix de cette personne que les manœuvres ont échoué. Chaque clan voulant placer son favori. Si Saïd Bouteflika ne peut y prétendre, Ahmed Gaïd Salah s’y verrait bien à condition de conserver le poste de chef d’état-major, source de son pouvoir.
Dans ce jeu de dupes où chacun des protagonistes garde des atouts dans son jeu, il y a quelques intrus. Les anciens réseaux du DRS toujours liés au général Mohamed Mediène, 79 ans, ne sont pas complètement hors course. Et ils comptent bien peser sur l’équation. C’est le cas également de l’actuel patron du DSS, Athmane Tartag âgé de 68 ans et qui pourrait quitter le clan des Bouteflika et rejoindre celui de Gaïd Salah à tout moment. Quant au directeur général de la DGSN, le colonel Mustapha Lahbiri, il serait totalement acquis au chef d’état-major.
Alors que reste-t-il si le statu quo est maintenu et que le président venait à disparaitre ou une incapacité a été constatée ? Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation, qui devait constitutionnellement lui succéder, est âgé de 76 ans. Mourad Mdelci, président du Conseil constitutionnel, est lui âgé de 75 ans.
Dans ce Jurassik Parc, le premier ministre Ahmed Ouyahiya, 66ans, aujourd’hui en disgrâce chez les Bouteflika, semble le seul à pouvoir faire la synthèse entre les différents clans. Enfin, si jamais ils arrivent à se mettre d’accord, ce qui est loin d’être gagné.
Azul à tous. Le mieux à faire, dans l’immédiat et dans l’intérêt de l’Algérie, serait d’entrevoir une relève parmi des candidats quinquagénaires.
La ligique et la sagesse finiront par avoir raison sur toutes suppositions illégitimes et claniques les braves seront au rendez-vous pas de panique .
Il faut toujours informé et s’informer de l’actualité