Le match entre le RNI et le PJD, qui a démarré au lendemain des élections législatives d’octobre 2016, risque de devenir très ennuyeux pour les observateurs de la chose politique au Maroc. A chaque fois que ces deux partis « alliés » croisent le fer, les islamistes prennent une sévère raclée…et visiblement cela devient une habitude. Le parti de la colombe, contenu jusque-là dans le rôle de force d’appoint pour les multiples gouvernements, s’est transformé en un véritable mastodonte avec l’arrivée à sa barre de l’homme d’affaires soussi Aziz Akhannouch.
Et le premier à avoir fait les frais de cette mutation du RNI fut l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, qui a mordu la poussière en essayant de manœuvrer face au nouvel homme fort de la scène politique marocaine. Depuis, que ce soit dans les urnes ou dans les joutes orales, c’est toujours le RNI qui pousse son avantage et les islamistes qui battent en retraite sans broncher.
Il y a une semaine, le candidat du RNI aux législatives partielles de Mdieq-Findeq remportait haut la main le duel qui l’opposait à celui du PJD. Les militants du parti du chef du gouvernement ont eu du mal à taire leur déception et leur colère. Par la suite, il a suffi qu’un dirigeant du RNI, le ministre du Sport Rachid Talbi-Alami, s’emporte lors d’un meeting devant la jeunesse du parti en taxant le PJD de « parti de la destruction » pour que les esprits islamistes s’échauffent. Les cadors du PJD ne décolèrent pas et se lâchent dans les médias, demandant purement simplement le limogeage de Rachid Talbi-Alami. Malgré l’appel au calme lancé par Saâdeddine El Othmani depuis New-York où il représente le Maroc à l’Assemblée générale des Nations Unies, le secrétariat général du PJS persiste et signe. Présidé par le secrétaire-général adjoint, en présence des ministres du PJD, la réunion est houleuse et le communiqué publié dans la foulée désigne nommément Rachid Talbi-Alami comme responsable, et lui demande de quitter le gouvernement.
Ce communiqué est la goutte qui a fait déborder le vase. Pour Aziz Akhannouch, le PJD a dépassé toutes les limites du tolérable. Il n’attend pas de réunir son bureau politique, et lui vole dans les plumes, montrant son exaspération face à la « profusion de réactions surdimensionnées et inintelligibles qui ont pris pour cible un membre du bureau politique du parti ».
C’est donc un Aziz Akhannouch remonté et décidé à en découdre qui signifie au PJD qu’il n’est plus possible qu’il continue à jouer un « double jeu ». Un coup de gueule peu habituel face auquel les islamistes ont encore fait profil bas…comme à leur habitude quand ils ont affaire au ministre de l’Agriculture.