En Algérie, les émiratis passent à l’attaque. Les amis et alliés traditionnels d’Abdelaziz Bouteflika n’apprécient pas du tout le rapprochement d’Alger avec le Qatar, notamment dans le domaine économique où plusieurs investissements qataris risquent d’éclipser l’influence des princes d’Abu Dhabi.
Depuis 2013, le Qatar est revenu en force en Algérie. Son plus beau coup est certainement le projet sidérurgique de Bellara, d’un coût de près de 2 milliards de dollars pour la production et la commercialisation de quatre millions de tonnes de produits de sidérurgie. Depuis quelques mois, Bellara est entré partiellement en production. Il est considéré comme le plus grand complexe sidérurgique de toute l’Algérie. Les qataris ont mis ainsi la main sur une richesse incontournable pour l’industrie.
Le Qatar ne s’est pas arrêté pas là et négocie depuis 2014 des projets dans la pétrochimie et la production des engrais dont le coût de réalisation s’élève à 3,5 milliards de dollars. Mais ces projets n’ont toujours pas avancé et connaissent un important ralentissement en raison de l’intervention du lobby émirati et saoudien qui n’ont pas du tout apprécié le renforcement de la présence du Qatar sur l’échiquier économique algérien.
Les pressions de ces lobbys ont pris une dimension importante depuis fin 2017. Pour démontrer leur colère, les émiratis sont partis jusqu’à saisir, à travers le groupe Emirates International Investment Co (EIIC), une Cour d’Arbitrage internationale dépendant de la Banque Mondiale. Pour calmer le jeu, les autorités algériennes ont octroyé d’autres projets aux émiratis. Ultime cadeau pour rééquilibrer les rapports de force entre Doha et Abu Dhabi, Alger a accepté de privatiser son fameux complexe sidérurgique situé à l’est du pays, El-Hadjar.
Pour près de 1,5 milliard de dollars, les émiratis prendront 49 % des parts de cette société étatique que l’Algérie refusait de céder auparavant aux étrangers. Les émiratis ont obtenu également des assurances concernant l’avenir prometteur de la Société algérienne pour la fabrication de véhicules de marque Mercedes-Benz (SAFAV-MB) d’Aïn Bouchekif, près de Tiaret, et relevant du ministère de la Défense algérien. Cette société où les émiratis détiennent 49 % des parts devra augmenter sa production et songer à l’exportation des véhicules militaires fabriqués sous le label allemand Daimler.
Coincée entre Doha et Abu Dhabi, Alger se retrouve contrainte à jouer l’équilibriste afin de ne pas froisser les amis traditionnels de Bouteflika et à leur tête le milliardaire et influent Cheikh Ahmed Hassan Abdul Qaher Al-Sheebani, actionnaire de la Staem, société algéro-émiratie de fabrication de tabac, et d’Emiral, entreprise spécialisée dans l’immobilier. Un véritable poids lourd qui active sans cesse ses réseaux à Alger.
SALE RACES D’emiraties