Il aura suffit d’une étincelle, une subite augmentation du prix des denrées alimentaires, pour que la jeunesse algérienne se soulève dans un vent de révolte inattendu, embrassant les grandes villes du pays.
Dans une Algérie que les observateurs pensaient être tenue d’une main de fer par ce qui est souvent qualifié comme le « régime des généraux », la hausse du prix des denrées de base a poussé la population à s’affronter violemment avec les forces de sécurité afin de réclamer des autorités une meilleure redistribution des richesses, notamment celles issues de la manne pétrolière. Fait paradoxal, l’Algérie est un pays potentiellement très riche grâce à ses hydrocarbures, mais souffrant depuis 1970 du « syndrome hollandais » – la manne pétrolière empêche entrepreneuriat et anesthésie les initiatives économiques- combiné à une corruption structurelle et une économie comptant sur des importations massives sur lesquelles seraient prélevées de juteuses commissions. Autres éléments qui ajoutent à la colère d’une jeunesse qui représente plus de la moitié de la population : avec une réserve de change de plus de 100 milliards de Dollars US, l’Algérie est dans une situation financière saine et a remboursé l’ensemble de sa dette extérieure, ce qui laisse perplexe les algériens qui s’interrogent sur l’usage qui est fait de ces fonds. Régulièrement, de hauts responsables algériens sont limogés pour corruption, comme l’ancien patron de la société pétrolière nationale Sonatrach début 2010, ou encore de hauts responsables du ministère des transports, accusés d’avoir détourné des centaines de millions de dollars sur la construction de l’autoroute est-ouest.