C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris depuis 1992, n’a pas été convié à assister le 4 janvier à la traditionnelle cérémonie des vœux présidentiels à l’adresse des principales autorités religieuses de France. Dans un communiqué publié la veille de la réception à l’Elysée, la Grande mosquée de Paris prenait « acte de cette injuste et inexplicable mise à l’écart », et annonçait dans la foulée son retrait de toutes les instances du Conseil français du culte musulman (CFCM). L’Elysée n’y est pourtant pour rien, chaque culte religieux devant désigner deux de ses représentants pour assister à la cérémonie. Or le CFCM a fait le choix d’être représenté par son nouveau président, le franco-turc Ahmet Ogras élu en juillet dernier, et de son prédécesseur le franco-marocain Anouar Kbibech. Une décision difficile à avaler pour Dalil Boubakeur, président du CFCM à deux reprises, qui dénonce depuis belle lurette la lente mise à l’écart de la sensibilité algérienne au sein de l’Islam de France. En janvier dernier, il avait annoncé que la Fédération nationale de la Grande mosquée de Paris ne participerait pas aux travaux de mise en place de la Fondation de l’islam de France et de son Conseil d’orientation, une initiative lancée en décembre 2016 par le ministère français de l’Intérieur. Boubakeur craignait déjà de voir reculer un peu plus encore l’influence de sa fédération, réputée proche de l’Algérie, qui rassemble quelque 250 des 2 500 mosquées en France. Une lente érosion qui remonte à près d’une dizaine d’années lorsque la Grande mosquée de Paris refusait de participer aux élections du CFCM, permettant au Maroc de renforcer sa présence au sein de l’instance. Une politique de la chaise vide qui n’a jusqu’à présent pas beaucoup réussi à celui qui préside aux destinées de la Grande mosquée de Paris depuis un quart de siècle.
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