Ferhat Mehenni, le leader en exil à Paris du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) a du souci à se faire.
En annonçant la création d’un gouvernement Kabyle en exil et en proclamant la Kabylie « territoire autonome » la semaine dernière, cette figure historique -par ailleurs chanteur populaire- de la contestation kabyle devient une cible prioritaire pour le pouvoir algérien, particulièrement attentif aux activités du MAK. Pour Alger, l’ouverture d’un front autonomiste avec gouvernement en exil, sous la houlette de « Ferhat », est plus qu’une mauvaise nouvelle, c’est tout simplement une catastrophe à gérer en termes d’image et de gestion de la question amazighe. En effet, le Président Bouteflika pensait avoir investi suffisamment en terre kabyle grâce la distribution de prébendes-sous forme de subventions pour la construction de logements- aux baronnies locales ainsi qu’à travers la création d’une chaine de télévision dédiée. Paradoxalement, c’est cette dernière qui réenclenchera la revendication autonomiste, les leaders kabyles estimant qu’il s’agissait là d’une tentative d’ « arabisation rampante ». En concomitance avec l’annonce du Gouvernement Provisoire Kabyle (GPK) à Paris, une vague médiatique vraisemblablement orchestrée par le gouvernement algérien a été enclenchée, voulant faire passer le leader du MAK tantôt pour un agent marocain, tantôt pour un membre du Département Renseignement et Sécurité (DRS), dirigé par le tout-puissant Général de Corps d’armée Mohamed Mediène « Tewfic ». Paradoxalement, sur la centaine d’agents de ce dernier opérants en France, une bonne partie devrait désormais se consacrer à la surveillance de Ferhat Mehenni, comme aux plus belles heures des services secrets algériens des années 80, où les opposants en exils obsédaient le Président Chadli Benjedid, l’empêchant de dormir. Ferhat Mehenni, qui a été par ailleurs l’un des passagers du vol AF8969 détourné le 24 décembre 1994 par un groupe terroriste algérien, a été radicalisé par la mort de son fils, Ameziane, survenue dans des circonstances troubles en 2003. Poignardé à plusieurs reprises place de Clichy par un individu non identifié, le fils du dirigeant autonomiste a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. Convaincu qu’il s’agissait là du plus sinistre des avertissements, Ferhat Mehenni n’a pas pour autant abandonné son combat pour l’autonomie Kabyle, allant jusqu’à la proclamation de son gouvernement en exil.