Officiellement, l’arrêté relatif à l’appel à candidature pour l’octroi d’autorisations de création de chaines de télévisions thématiques est publié en Algérie. Et il ne reste aux autorités algériennes qu’à lancer la procédure de dépôts de dossiers qui doit s’étaler sur une période de 60 jours. Mais cette réglementation rencontre d’ores et déjà ses premières difficultés, et la complexité du dispositif risque de contraindre toutes les chaînes de télévision à la fermeture.
Officiellement, l’Algérie veut décider de l’attribution de sept autorisations pour la création de sept services de diffusion télévisuelle. Les thématiques, objet de ces autorisations sont les actualités et ses corollaires que sont l’économie, le social et le sociétal avec cette précision que cela concerne de programmes composés d’information de reportages, analyses et commentaires ainsi que les débats et les conférences. Parmi ces thématiques autorisées figurent également la culture, jeunesse, l’art culinaire, découvertes, séries et divertissements et les sports.
En clair, aucune chaîne généraliste n’est tolérée en Algérie à en croire ce cadre réglementaire très strict. Que deviendront des chaînes de télévision privées comme celles d’Echorouk TV et Dzaïr TV du milliardaire influent Ali Haddad ? Doivent-ils changer catégoriquement leur orientation ? L’actuelle loi impose également une seule chaîne d’information. Or, dans ce créneau il y a 3 télévisions privées qui se livrent à la concurrence. Il s’agit d’Ennahar TV, Dzair News TV, Echorouk News TV. Anis Rahmani, le patron d’Ennahar TV, longtemps présenté comme étant la télévision la plus proche du régime et son canal de propagande, est lui-même menacé et se retrouve sur la sellette surtout si Ali Haddad opte pour le format News. Il n’y aura donc pas de place pour une télévision appartenant à Ali Haddad et une autre gérée par Anis Rahmani.
Les dispositions de la nouvelle loi sont très complexes et paraissent inapplicables sauf si les autorités algériennes veulent fermer la majorité des chaînes de télévision privées. En plus, la nouvelle loi impose une fragmentation du capital de chaque télévision privée. La nouvelle loi sur l’audiovisuel prescrit que le propriétaire original ne doit posséder que 40% du capital de la chaîne. En plus, il est interdit tout lien de parenté ou d’alliance direct entre les associés. Chaque chaîne de télé doit donc trouver de nouveaux actionnaires ! Ce qui paraît irréalisable dans le contexte économique actuel de l’Algérie.
En dépit de toutes ces difficultés, l’arrêté publié dans le dernier journal officiel n°56 somme toutes les chaînes de télévision à respecter ses conditions.
L’arrêté précise le dossier à constituer en plus du respect du cahier de charges, les capacités de diffusion, les spécifications techniques de diffusion. En outre, les candidats dont le dossier est recevable seront auditionnés (audition publique) par l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV).
La nouvelle réglementation a suscité un véritable tollé. Et pour calmer les esprits, le ministre de la Communication vient d’annoncer ce samedi qu’une révision sera lancée pour répondre aux attentes des acteurs du secteur audiovisuel. Djamel Kaouane a fait savoir que l’arrêté, «tel qu’il a été émis, ne répond pas aux ambitions et aux avancées déjà accomplies par les médias audiovisuels algériens», ajoutant que «nous sommes une même famille, nous sommes à leur écoute. Nous avons pris en considération leurs avis, et nous allons réétudier ce dossier pour qu’il soit en phase avec le progrès fulgurant dans domaine audiovisuel et des technologies».