L’année 2018 n’a pas encore commencé, pourtant au sein du régime la question de la succession d’Abdelaziz Bouteflika suscite déjà de nombreuses divisions. Au sommet de la pyramide, plusieurs hauts responsables vivent à couteaux tirés, et le conflit commence à agiter la place publique. C’est Djamel Ould Abbès qui a lancé les hostilités, lorsqu’en conférence de presse il évoque ouvertement la délicate question de la succession de l’actuel président, reprochant à Ahmed Ouyahia, Premier ministre et chef du RND, de n’avoir de cesse d’expliquer aux médias sa vision de l’avenir du pays.
Une offensive qui ne plait guère au sein des instances du FLN qui supportent de moins en moins les bruits et indiscrétions qui courent pour présenter Ouyahia comme le prochain candidat du consensus en 2019, dans le cas où Abdelaziz Bouteflika abandonnerait son « trône ». Si Ouyahia ne vit pas réellement une lune de miel avec le général-major Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, il demeure en revanche très respecté par les autres généraux de l’armée et autres chefs de régions militaires, sans oublier ses bons contacts avec les apparatchiks des services de renseignement de l’ère du général Toufik, et de la nouvelle architecture placée sous l’égide de Bachir Tartag.
Plusieurs fois chef de gouvernement, proche des militaires, des services et disposant de bons contacts avec les chancelleries occidentales, Ahmed Ouyahia possède les atouts de l’homme présidentiable. Une situation qui a fait sortir de ses gonds Djamel Ould Abbès, le gardien du temple des Bouteflika. L’homme qui défend le clan et ses intérêts est passé à l’attaque sans attendre la moindre instruction, en s’opposant notamment à Ouyahia sur des dossiers délicats comme celui de Chakib Khelil, l’ancien ministre de l’Energie, et en affirmant dés maintenant que le prochain candidat ne sera pas celui de l’armée. L’avertissement semble clair, le futur président sera l’homme du FLN. Et le FLN reste aujourd’hui fidèle à Abdelaziz Bouteflika et sa famille, ainsi qu’à ses proches. Djamel Ould Abbès veut à tout prix éviter qu’un potentiel successeur émerge au-delà des territoires du clan présidentiel, or Ahmed Ouyahia n’est pas un pilier du clan présidentiel, même s’il entretient aujourd’hui une relation de confiance avec le président Bouteflika. Ahmed Ouyahia a existé avant Bouteflika et incarne parfaitement la survivance du régime des généraux des années 1990. Saura-t-il composé avec le clan présidentiel pour se frayer un chemin dans la probable course à la succession ? Djamel Ould Abbès veut tout faire pour torpiller cette éventualité.
Barakat ! Ça suffit, l’Algérie mérite mieux que ça. Elle a besoin d’un sauveur et non d’un chanteur.