Parfois, il y a des victoires tant attendues, mais une fois obtenues, elles ont un goût amer. C’est le cas du véritable triomphe dimanche après-midi des pro-Benkirane sur le « courant des ministres », lors de la tenue de la commission de la réglementation et des procédures. Cette commission a voté à une écrasante majorité la proposition de changement de statuts qui sera à l’ordre du jour du prochain congrès du parti en décembre. Cette proposition, combattue avec véhémence par les ministres du PJD, vise à modifier l’article 16 des statuts qui limite les mandats du secrétaire général à deux seulement. Ce qui veut dire, que si l’actuel secrétaire général Abdelilah Benkirane le désire, il peut briguer un troisième mandat. Un franc succès pour tous ceux qui n’ont eu de cesse d’appeler l’ancien chef du gouvernement à rester à la tête du PJD pour stopper ce qu’ils dénomment « l’hémorragie des concessions », amorcée depuis la nomination de Saâdeddine El Othmani à la tête du gouvernement. Benkirane a remporté une autre victoire sur le « courant des ministres ». Il leur sera interdit après le prochain congrès de siéger ès-qualité au sein du secrétariat général. Ce qui équivaut, à éloigner la direction du PJD de toute influence gouvernementale. Une situation jusque-là inédite pour le parti islamiste et qui risque de fragiliser encore plus ses ministres. Mais que fera l’homme fort du PJD de sa victoire contre ses « frères » ? Les premiers éléments de réponse dont nous disposons montrent qu’Abdelilah Benkirane n’a pour le moment aucune envie d’avoir un troisième mandat. « C’est mal connaître l’homme, qui ne fera rien qui pourrait faire imploser son parti », explique un de ses proches. Mais en même temps, il ne voudrait pas livrer son « héritage » politique à des « assoiffés de strapontins » pour qu’ils le dilapident. Si l’on croit ceux qui le connaissent très bien, Benkirane choisira une voie médiane, en imposant un de ses « amis » à la tête du PJD, attendant que l’expérience d’El Othmani aille à son terme. Peu de gens d’ailleurs dans son entourage pensent que l’actuel gouvernement puisse arriver jusqu’aux prochaines élections sous sa forme actuelle. Un sentiment que partagent non seulement des cadres islamistes, mais également un large pan de l’opinion publique.
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