Le DRS (Département du renseignement et de la Sécurité- la sécurité militaire algérienne) a décidé de sortir de l’ombre et montrer qu’il supervise directement les dossiers jugés stratégiques pour l’Algérie, dont fait partie bien sûr le secteur de l’énergie.
Du temps de la Direction du contre-espionnage (DCE), dirigée à l’époque par le général major Smaïn Lamari -alias «El Hadj »-, ce dernier supervisait personnellement les dossiers qui se rapportaient à l’énergie. Il confiait les investigations et la coordination des «affaires» à son homme de confiance le général Mhenna Djebbar, Colonel à l’époque, promu au grade de général le 5 juillet 2005.
Depuis le décès de Smaïn Lamari le 27 août 2007, «officiellement» d’un infarctus, cette tâche a été confiée à Ahmed Kherfi -promu général le 5 juillet 2008- qui l’a remplacé à la tête du contre-espionnage. D’ailleurs, la nomination du général Kherfi s’est accompagnée d’une réorganisation totale du DRS. La direction du contre-espionnage (DCE) a été depuis rebaptisée Direction de la Sécurité Intérieure (DSI).
Néanmoins, et afin d’éviter le monopole d’un seul service voire d’une seule personne sur le secteur ultrasensible de l’énergie comme ce fut le cas du temps de Smaïn Lamari, le patron du DRS, le général de corps d’armée Mohamed Lamine Mediène, alias «Tewfic», a désigné d’autres officiers et d’autres services pour suivre de près le dossier de l’énergie, et en particulier celui de la Sonatrach. Ainsi, c’est le général major Rachid Lallali, patron de la Direction de la documentation et de la Sécurité extérieure (DDSE), qui s’occupe désormais des actifs de la Sonatrach à l’étranger. Il s’occupe également des sociétés écrans, et du suivi des contacts avec les sociétés étrangères. C’est lui, par exemple, qui est en charge de la supervision des enquêtes en cours sur les avoirs de la Sonatrach à l’étranger. La DDSE peut compter, en effet, sur un important réseau d’agents expérimentés. Habituellement, les agents de la DDSE à l’étranger s’occupaient essentiellement de la surveillance des opposants algériens établis à l’étranger, notamment les islamistes et les activistes berbères, et de la sécurisation des ambassades.
Quant au général Mhenna Djebbar, célèbre pour ses frasques -un goût immodéré pour l’alcool et les femmes-, il a été jugé trop gourmand par ses compères et a été finalement écarté de la DSI.
En compensation, le général Djebbar a été nommé à la tête de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA), en raison des nombreux services rendus lorsqu’il dirigeait le sinistre CTRI de Blida (Première région militaire), sous l’autorité directe de Smaïn Lamari.
Son éloignement de la DSI a été un grand soulagement pour le nouveau patron de cette structure, Ahmed Kherfi, qui craignait de ne pouvoir exercer sa pleine autorité sur un officier qui était son supérieur dans un passé relativement récent.
Dans la pratique, il existe aujourd’hui deux centres de décision parallèles qui gèrent l’affaire de la Sonatrach. Le meilleur exemple est ce qui se passe dans les coulisses concernant le projet relatif à la construction du complexe de vapocraquage d’éthane dans lequel est impliqué le français Total.