Dans le football maghrébin, rien ne va plus. Les résultats du week-end dernier ont démontré que la totale incurie de la stratégie poursuivie par l’Algérie, le Maroc et la Tunisie dans ce sport très populaire.
En effet, les trois équipes nationales de football, qui recevaient chez elles de très petites équipes sur le plan footballistique (Tanzanie, Centre-Afrique et Malawi), ont déçu au niveau du jeu produit. Le public maghrébin qui n’est pas dupe, a conspué, lors des rencontres les responsables des fédérations de football dans les trois pays, dans laquelle la situation est jugée désespérée.
C’est donc une grave crise sans précédent que vit actuellement le monde du football maghrébin. Un sujet très sensible et dont les répercussions sont plus politiques que sportives. D’ailleurs, selon les observateurs sportifs, le football maghrébin serait malade de politique. Les interventions successives des autorités politiques dans les affaires des fédérations de football ont créé une instabilité chronique et mis tout le monde sous une pression…négative.
En Algérie, et malgré une qualification arrachée in extremis au Mondial Sud-africain, les Fennecs n’arrivent pas à produire un football digne de ce nom. Alors que l’équipe a été oubliée pendant longtemps, le pouvoir politique s’en est rappelé brusquement à la veille du match contre l’Egypte, joué dans des conditions dantesques. Le pouvoir politique algérien, politiquement en difficulté, a saisi l’occasion pour ressouder le peuple algérien autour de l’équipe nationale de football et contre l’Egypte, érigée en ennemi de circonstance. Depuis, les jeunes joueurs algériens, dont la majorité est née ou a grandi en Europe, n’ont pas pu résister à la pression politique. Pendant des mois, la presse, les politiques et le public ont utilisé un langage martial et ont incité des « joueurs désarmés » à se conduire en « guerriers imbattables ». A l’arrivée, les footballeurs ont depuis une année perdu leurs âmes, leur jeu et l’envie d’en découdre. Le tout sur fond d’intrigues, de luttes de pouvoir et de jeux d’influence.
Et la situation n’est pas plus brillante au royaume chérifien. Depuis 2004, le football marocain se dépêtre dans une crise inextricable. Que se soit au niveau des clubs ou au niveau de la sélection nationale, le Maroc a perdu son lustre d’antan. Premier pays arabe et africain à se qualifier en huitième de finale d’une coupe du monde-en 1986 au Mexique-, le royaume ne fait plus peur à aucune équipe, même la plus insignifiante. La crise trouve son origine, selon un ancien dirigeant marocain, dans les procédés non-démocratiques avec lesquels est géré le football dans ce pays. L’exemple le plus flagrant est le parachutage, il y a environ une année, de Ali Fassi-Fihri, totalement novice en matière footballistique, au poste de président de la Fédération Royale Marocaine de Football. S’en est suivie une situation ubuesque qui a fait du Maroc la risée de tout le monde. En effet, après avoir nommé quatre entraîneurs pour s’occuper des l’équipe nationale-fait inédit de par le monde qui a débouché sur des résultats catastrophiques-Fassi-Fihri épaulé par son ministre de tutelle, Moncef Belkhayat s’est ridiculisé en choisissant, après de longues tergiversations, un sélectionneur-fantôme. Le belge Eric Gerets, censé dirigé l’équipe nationale marocaine, vit toujours en Arabie Saoudite où il entraîne une équipe locale, alors que les Lions de l’Atlas jouent des matchs cruciaux en ayant sur le banc de touche un illustre inconnu.
En Tunisie, les bons résultats des clubs locaux ne cachent plus la crise des Aigles de Carthage. La Tunisie est loin de son niveau depuis son succès en finale de la coupe d’Afrique organisée chez elle. Disposant d’un très bon réservoir de joueurs talentueux, le team national tunisien vit une instabilité récurrente avec le changement incessant d’entraîneurs. Une manière de faire qui pénalise largement le football tunisien.
Aujourd’hui, la seule solution qui se présente aux trois pays du Maghreb est le désarrimage du football et de la politique. Une solution certes douloureuse pour les pouvoirs en place, mais qui seule capable de réconcilier le public avec ses équipes nationale.