L’Algérie a suivi avec indifférence, voire avec un certain dédain, le mini-sommet arabe, tenu lundi 28 juin à Tripoli, à l’initiative du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Alger ne voit dans cette rencontre qu’une nouvelle gesticulation à relent unioniste de la part de son imprévisible voisin libyen.
Le fait que ce mini-sommet, qui a réuni cinq chefs d’Etat arabes, appelle à la création à terme d’une Union arabe, ne sert pas forcément l’agenda algérien dans la région.Le landernau politique à Alger voit dans ce projet unioniste arabe, aussi hasardeux soit-il, un désaveu implicite à sa politique dirigée contre son voisin marocain. Les algériens craignent que leur soutien jusqu’au-boutiste au mouvement du Polisario au Sahara Occidental soit considéré par leurs pairs arabes comme allant à contre-courant du projet unioniste arabe.
Les appréhensions algériennes sont d’autant plus justifiées que le fougueux colonel libyen défend contre vent et marées ce qu’il considère être le projet de sa vie. Entouré des chefs d’Etat d’Egypte, du Qatar, d’Irak et du Yemen, le guide libyen est revenu sur l’indispensable promotion de l’action arabe commune et la création d’une Union arabe. Pour lui, les Etats se rassemblent aujourd’hui dans le cadre d’espaces et d’entités intégrées, seules à même de relever les défis de la mondialisation. Assagi par ses aventures unionistes malheureuses du passé, le guide de la révolution songe maintenant à procéder par étapes. Tout est désormais pris en compte, des changements de la structure de la Ligue arabe et de ses institutions, jusqu’à l’amendement de sa charte, voire l’élaboration d’une nouvelle charte. L’objectif ultime du colonel libyen est de voir le rêve de sa vie concrétisé : une Union arabe, à l’instar de l’Union européenne et, surtout, de l’Union africaine dont il est l’un des principaux artisans.