Ferhat Mehenni, le leader en exil à Paris du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) a du souci à se faire. En annonçant la création d’un gouvernement Kabyle en exil et en proclamant la Kabylie « territoire autonome », cette figure historique -par ailleurs chanteur populaire- de la contestation kabyle devient une cible
prioritaire pour les services secrets algériens, particulièrement attentifs aux activités du MAK. La presse algérienne notait ainsi que le mouvement de Ferhat Mehenni, pour la première fois, parvenait à mobiliser plus de partisans que le RCD de Saïd Saadi lors de la marche de commémoration du « printemps berbère » de 1980, qui aurait réuni près de 30 000 personnes à Tizi-Ouzou ce 20 avril. Pour Alger, l’ouverture d’un front autonomiste avec gouvernement en exil, sous la houlette de « Ferhat », est plus qu’une mauvaise nouvelle, c’est tout simplement une catastrophe à gérer en termes d’image et de gestion de la question amazighe. En effet, le Président Bouteflika pensait avoir investi suffisamment en terre kabyle grâce la distribution de prébendes-sous forme de subventions pour la construction de logements- aux baronnies locales ainsi qu’à travers la création d’une chaine de télévision dédiée. Paradoxalement, c’est cette dernière qui réenclenchera la revendication autonomiste, les leaders kabyles estimant qu’il s’agissait là d’une tentative d’ « arabisation rampante ».
Sur les quelques 60 agents en poste à Paris du Département Renseignement et Sécurité (DRS), dirigé par le tout-puissant Général de Corps d’armée Mohamed Mediène « Tewfic », une bonne partie devrait désormais se consacrer à la surveillance du leader du MAK. Ce dernier a été radicalisé par la mort de son fils, Ameziane, survenue dans des circonstances troubles en 2003. Poignardé à plusieurs reprises place de Clichy par un individu non identifié, le fils du dirigeant autonomiste a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. Convaincu qu’il s’agissait là du plus sinistre des avertissements, Ferhat Mehenni n’a pas pour autant abandonné son combat pour l’autonomie Kabyle, et a même intensifié les activités du MAK. Ce dernier est désormais bien implanté en Kabylie et dispose même de plusieurs fédérations à l’étranger malgré des moyens très limités où l’imagination et les bouts de ficelles font beaucoup…