A quoi joue Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD ? Dans une déclaration au quotidien algérien à fort tirage Echourouk Al Yaoumi, le leader islamiste marocain rend un hommage appuyé à l’institution militaire algérienne pour avoir été un barrage efficace face aux terroristes d’obédience islamiste.
Benkirane va encore plus loin en disant littéralement que l’armée algérienne a disposé d’une force extraordinaire pour vaincre le radicalisme islamiste, sauvant ainsi le pays de l’effondrement. Ce qui étonne dans cette déclaration, c’est que le secrétaire général du PJD donne tout le crédit de la sortie de crise aux militaires et qu’il n’évoque à aucun moment les exactions imputées à l’armée algérienne par les différentes organisations internationales des droits de l’homme. Alors que par le passé, ce même PJD avait à maintes reprises dénoncé la suspension par l’armée algérienne du processus électoral, voilà que Benkirane semble aujourd’hui atteint d’amnésie historique. Il évacue la question des journalistes algériens sans aucune nuance. Le FIS n’était qu’un ramassis de radicaux terroristes qui étaient heureusement éradiqués par les forces armées algériennes. Une position que même les plus anti-islamistes des partis marocains n’avaient prise auparavant. Benkirane qui se posait la semaine dernière des questions sur les auteurs des attentats de Casablanca en 2003, ne semble pas du tout s’inquiéter de ceux qui ont commis les atroces massacres des années quatre-vingt-dix en Algérie. Au sein du PJD, certaines voix s’élèvent déjà pour dénoncer les « approximations » de Abdellilah Benkirane qui, en voulant faire le grand écart politique, finit par mécontenter tout le monde.