La brève hospitalisation du président Abdelaziz Bouteflika, la semaine dernière, au groupe mutualiste de Grenoble, a totalement occulté les tractations qui se déroulent en ce moment entre les différents clans du pouvoir. En effet, conscients des défis auxquels le pouvoir en place devrait faire face, notamment en raison de l’instabilité grandissante en Libye et de l’imprévisible et sévère baisse des prix de pétrole, le clan présidentiel et le DRS ont multiplié les contacts afin d’apporter quelques réajustements au fonctionnements de plusieurs institutions de l’Etat, et auraient décidé d’arrêter toute cabale de part et d’autre. Ainsi, la présidence serait épargnée, alors que le DRS profiterait d’un répit. L’urgence étant de remanier le gouvernement pour mettre en place, toujours sous la direction d’Abdelmalek Sellal, une équipe capable de diminuer le train de l’Etat sans pour autant toucher aux intérêts directs des deux clans. Face donc à l’inexorable érosion de la manne pétrolière, les manœuvres ont commencé pour « assécher » certaines zones de rentes, considérées aujourd’hui comme pouvant être sacrifiées. Le tour de vis toucherait dans un premier temps plusieurs anciens généraux et leurs familles qui profitent toujours des largesses du budget de l’Etat. C’est le cas entre autres de Khalid Nezzar et d’Athman Tartag. Un effort aurait également été exigé de grands groupes comme ceux d’Ali Haddad et d’Issad Rebrab pour qu’ils règlent leurs dus à l’Etat.
Sur le plan politique, on aurait demandé à Mohamed Hamrouch et Ali Benflis de la mettre en sourdine, parce que s’ils continuent à chauffer l’atmosphère, cela risquerait d’emporter tout le régime. De même pour les protagonistes au sein du FLN, à qui il a été signifié d’arrêter les hostilités. Au niveau sécuritaire, les agitateurs de la région de Ghardaïa ont subitement disparu dans la nature et un calme, quoique précaire, règne désormais dans l’arrière-pays.
D’ailleurs, d’après une source diplomatique européenne, très au fait de la situation en Algérie, les clans du pouvoir sont tombés d’accord pour que « l’armistice » dure au moins jusqu’à l’été prochain. « Cela semble peu probable et dépendra surtout de l’évolution de l’état de santé chancelant du président Bouteflika », prévient notre source.