Naguib Sawiris a osé et il a réussi. Très mal en point avec le pouvoir algérien depuis les incidents qui ont envenimés les relations diplomatiques entre l’Egypte et l’Algérie lors des qualifications pour le mondial de football, le magnat égyptien a su se sortir d’une situation quasi désespérée.
Le patron d’OTA (Orascom) propriétaire de la licence Djezzy a vendu la marque à un entrepreneur russe proche de Vladimir Poutine. Naguib Sawiris empêtré dans une crise sans fin avec les autorités algérienne qui le menaçaient de nationaliser Orascom Algérie a réussi un coup magistral en mettant les Algériens face aux Russes. Malgré l’intervention du président égyptien auprès de son homologue algérien et des mois de négociations, l’homme d’affaires copte s’était vu signifier qu’il n’était plus désirable à Alger. Du coup, il a décidé de céder 51 % d’Orascom Télécom à Vimpelcom dirigée par Izosimov. Un homme qui saurait-d’après des sources à Alger- faire entendre sa voie dans les couloirs d’El Mouradia. D’ailleurs, les mêmes sources disent que la gestion catastrophique de ce dossier est le résultat de l’entêtement du président Bouteflika qui n’a pas voulu céder devant Sawiris qui est réputé proche de son frère Saïd Bouteflika. Face au raidissement des autorités algériennes qui ont annoncé ne pas reconnaître la tutelle des Russes sur Orascom Algérie, Alexandre Izisimov a menacé de recourir à la justice pour obtenir réparation. En effet, l’Algérie veut se prévaloir d’une disposition réglementaire récente accordant à l’Etat le droit de préempter 51% de toute entreprise étrangère installée en Algérie. Or l’homme d’affaires russe veut près de 7 milliards de dollars pour céder l’entreprise, là où l’Algérie serait prête au mieux à payer 3 milliards. Selon un ancien ministre algérien installé à Paris, cette épineuse affaire donne une très mauvaise image de l’économie algérienne. Le magnat russe a en effet multiplié les déclarations à la presse spécialisée, et il fait un forcing qui d’après cet ancien responsable algérien finira par payer. Pendant ce temps, Naguib Sawiris savoure pleinement sa vengeance. Il vient de réaliser une plus-value conséquente tout en mettant les autorités algériennes dans l’embarras. A Alger, les pouvoirs publics qui n’ont rien vu venir et qui ont été prises de cours devront aujourd’hui négocier avec un adversaire d’un tout autre calibre, soutenu par les puissants « silovikis » russes. Affaire à suivre.