Dimanche dernier, en toute discrétion, un avion décolle de l’aéroport du Bourget pour atterrir quelques heures après à Tripoli.
Dans l’urgence, l’Elysée venait de dépêcher un émissaire auprès du colonel Mouammar Kadhafi à la recherche d’une aide pour la libration des 7 otages dont 5 français, enlevés la semaine dernière au Niger par un groupe appartenant à Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que Paris a recours aux services de la Jamahiriya libyenne, à la fois pour préserver ses intérêts stratégiques et pour assurer la sécurité de ses ressortissants dans la région du Sahel. Il y a quelques mois, la France avait déjà demandé l’aide de la Libye après le coup d’Etat intervenu au Niger. Paris voulait sauvegarder les intérêts du géant Areva qui exploite les énormes ressources en Uranium du Niger. Tripoli a vite répondu présente. Les contours du deal n’ont pas été rendus publics, mais d’après des sources bien informées dans la capitale française, Nicolas Sarkozy s’était engagé à soutenir la Libye auprès des institutions de l’Union européenne, et auprès d’autres pays du vieux continent. Ainsi, lors du conflit diplomatique entre la Suisse et la Jamahiriya, la France avait résolument et franchement pris partie en faveur des Libyens, défendant Hanibaal, le fils du guide de la révolution impliqué dans un scandale à Genève. Suite à ce soutien sans failles et en guise remerciements, les Chantiers navals de Saint Nazaire avaient obtenu de la société maritime dirigée par le même Hanibaal, un contrat de 600 millions pour la livraison d’un luxueux paquebot de croisière. Si les 7 otages, récemment enlevés, venaient à être libérés, quel serait le prix que Paris devait payer ? se demande-t-on dans la capitale française.