Le scénario d’un retrait du parti de l’Istiqlal ne fait plus partie de la politique-fiction. D’après des sources très proches de Hamid Chabat, le secrétaire général de la formation nationaliste qui fait partie de tous les gouvernements sans relâche depuis 1997, serait prêt à aller jusqu’au bout si Abdelilah Benkirane ne répond pas favorablement à ses doléances. Le mémorandum-bilan envoyé par la direction de l’Istiqlal au chef du gouvernement est sans concession. « Le plafond des demandes de Chabat est très élevé. Non seulement le leader de l’Istiqlal réclame un vaste remaniement ministériel qui toucherait aussi bien ses ministres que ceux des autres partis politiques, mais il exige aussi de revoir de fond en comble le fonctionnement de l’équipe gouvernementale et de la majorité », explique un ancien ministre istiqlalien. Ainsi, afin de satisfaire aux sollicitations de Hamid Chabat, Abdelilah Benkirane devrait revoir toute l’architecture du gouvernement. L’Istiqlal estime que le PPS a eu des strapontins ministériels qui ne correspondent ni à son poids politique ni à sa représentation parlementaire. En outre, le parti d’Allal El Fassi considère que le travail gouvernemental a manqué pendant une année de « créativité », « d’harmonie » et « d’audace » au profit d’un discours « populiste » et d’actions sporadiques faisant place plus au spectaculaire qu’à l’efficace. Si Abdelilah Benkirane prend pour le moment les choses un peu à la « légère » – il aurait déclaré que le remaniement n’était pas entre ses mains, mais bel et bien entre celles du roi-, le quotidien Attajdid quant à lui qualifie les éléments de langage utilisés dans le mémorandum de l’Istiqlal d’«irresponsables», de « belliqueux » et d’appartenant à un autre temps. Malgré ces joutes violentes, le risque que le gouvernement de Benkirane perde une de ses composantes essentielles reste minime. L’Istiqlal sait qu’il n’a aujourd’hui aucune chance de battre ou d’affaiblir le PJD, surtout si c’est lui qui provoque des élections anticipées suite à son éventuel retrait du gouvernement. Hamid Chabat se serait-il pris à son propre jeu ?
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