L’annonce est passée presque anodine dans les médias marocains et espagnols. Cependant, l’information vaut son pesant d’or « géostratégique ». En effet, le Maroc va à l’occasion du prochain sommet ibéro-américain, prévu les 16 et 17 novembre prochain à Cadix en Espagne, [onlypaid]
rejoindre cette communauté qui regroupe la majorité des pays d’Amérique ainsi que l’Espagne, le Portugal et Andorre. Le royaume chérifien était membre observateur dans cette organisation depuis 2010, en même temps que la France. Si aujourd’hui le pays saute le pas, c’est que « c’est une révolution tranquille dans la conduite des affaires étrangères du Maroc », note un diplomate chérifien hispanophone. D’après ce diplomate, aujourd’hui en poste dans une capitale latino-américaine, « il s’agit d’une véritable prise de guerre pour Madrid ». Depuis maintenant plus de six ans, les relations entre Rabat et Madrid sont souvent au beau fixe. L’arrivée au pouvoir du parti populaire et du PJD dans les deux pays a contribué à mettre du « lubrifiant dans le moteur de leur relation », selon les termes d’un politicien espagnol. Cela dit, d’après certains observateurs, il existe au Maroc en ce moment une véritable prise de conscience de la nécessité d’un repositionnement en matière de relations internationales. Rabat ne voudrait plus se baser exclusivement sur l’axe Rabat-Paris, notamment après l’élection de François Hollande à l’Elysée. Même économiquement, les flux entre l’Espagne et le Maroc prennent d’année en année plus d’ampleur. En outre, « le Maroc est le seul pays arabe et d’Afrique du Nord à disposer d’une élite parfaitement hispanophone et qui a de plus en plus accès aux postes de responsabilités dans tous les rouages de l’Etat », analyse un ancien ambassadeur ibérique. La présence donc d’Abdelilah Benkirane à Cadix afin d’officialiser la candidature marocaine au sommet ibéro-américain signe le début d’« un moment historique », juge un journaliste espagnol accrédité à Rabat.
Mais pour le royaume chérifien, il ne s’agit pas du seul réajustement dans la politique étrangère. Sous la houlette de la maison royale, les relations avec les pays du Golfe sont à leur apogée. La tournée en ce moment du souverain alaouite dans 4 pays du CCG, remet le pays en position de partenaire stratégique aussi bien de l’Arabie Saoudite que du Qatar. D’après des sources bien informées à Rabat, les relations humaines entre les monarchies marocaine est celles du Golfe sont de l’ordre de « l’intime ». De même avec le royaume cousin de Jordanie. Avec une expérience démocratique très en avance et des expertises dans divers domaines, le Maroc semble pouvoir remplacer l’Egypte empêtrée dans les contradictions d’une transition politique assez incertaine. Pour le royaume de Mohammed VI, le poids du pays est en ce moment tel qu’il lui permet de jouer diplomatiquement sur plusieurs tableaux et de sortir ainsi du tête-à-tête franco-marocain.[/onlypaid]
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