A 67 ans, Driss Jettou vient de reprendre du service dans les institutions de l’Etat marocain. Son retour intervient après une [onlypaid] traversée du désert qui a duré cinq longues années et pendant laquelle il a failli être traîné devant les tribunaux pour des soupçons de passe-droit dans une sombre affaire de terrains acquis dans la banlieue casablancaise. Aujourd’hui, alors qu’il vient d’être nommé par le roi à la présidence de la Cour des comptes, l’une des institutions clés de l’ordre constitutionnel marocain, Driss Jettou réalise l’un des come-back les plus improbables de ces dernières années sur la scène politique marocaine. Si l’Etat marocain a fait appel à cet homme connu pour sa capacité de travail, son intelligence, son esprit d’indépendance et surtout sa discrétion, c’est pour donner « des gages » aux hauts cadres de la bureaucratie contre ce qui commence à ressembler à une véritable chasse aux sorcières. L’étoile de Driss Jettou avait brillé sous le règne de Hassan II, quand ministre du Commerce et de l’Industrie, il s’était opposé à la sauvage campagne d’assainissement lancée par feu Driss Basri pendant les six premiers mois de 1996 contre les milieux économiques casablancais. Par la suite, le roi Mohammed VI fera appel à lui pour occuper le ministère de l’Intérieur et organiser les premières élections du nouveau règne. Tâche qu’il réussit avant d’être nommé premier ministre. Pendant cinq années, le Maroc connaîtra, de l’avis même des opposants les plus irréductibles, l’un des gouvernements les plus efficaces de son histoire. Driss Jettou, à la tête aujourd’hui d’une institution qui est au cœur de la bonne gouvernance, est un homme de dialogue. Il serait très proche des islamistes qui avaient pensé à lui pour occuper le poste de ministre de l’Intérieur dans l’actuel gouvernement Benkirane. Chose que le concerné déclina poliment, attendant que le Makhzen lui fasse signe. Entre-temps, il était en train de mettre les dernières retouches à un livre consacré aux dessous de la campagne d’assainissement de 1996. La nomination royale l’a obligé à reporter la publication de de témoignage. Peut-être va-t-il l’étoffer à la lumière de ses nouvelles fonctions.[/onlypaid]
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