Depuis son accession au trône, en 2005, le roi Abdallah d’Arabie Saoudite tente d’engager son Royaume dans un processus de réformes.
Il doit faire face à l’hostilité larvée des ultraconservateurs, détenteurs de postes-clés dans l’appareil politico-religieux wahhabite. En février 2009, le monarque avait donné un vrai coup de pied dans la fourmilière en limogeant les ministres de la justice et de l’éducation – ultra-rigoristes- ainsi que le chef de la police religieuse. Il vient d’envoyer un nouveau signal fort en faisant diffuser par les principaux journaux du pays une photographie le montrant en compagnie du prince héritier Sultan ben Abdelaziz, entouré d’une trentaine de femmes qui venaient de prendre part à un séminaire sur la santé dans la ville de Najran. Précision importante : la majorité des participantes, bien que revêtues de l’ «abaya» noire de rigueur, apparaissaient le visage découvert, certaines laissant même transparaître quelques mèches de cheveux. Une pierre dans le jardin des ultras de la mouvance wahhabite, qui estiment que toute forme de mixité doit être proscrite dans l’espace public. Fin avril, déjà, le chef de la police religieuse de la Mecque, Cheikh Ahmed El Ghamdi, avait estimé que les personnes des deux sexes sans lien de parenté pouvaient se retrouver ensemble dans les lieux publics. Cette déclaration lui avait valu un rappel à l’ordre du grand mufti, et avait entraîné son limogeage. Mais, deux jours après, le policier avait été officiellement rétabli dans ses fonctions, à la demande pressante du palais…