Depuis deux ans, le colonel Mohamed Samraoui, dissident du DRS, aurait entamé des négociations directement avec la présidence algérienne pour obtenir les protections nécessaires en vue de rentrer au pays. En contrepartie, Mohamed Samraoui aurait collaboré activement avec les services présidentiels dans certaines enquêtes sensibles. C’est donc au courant du mois de novembre dernier, dans le secret le plus absolu, que le colonel déchu a regagné l’Algérie sur un vol de la Lufthansa à destination d’Alger. Mohamed Samraoui aurait séjourné en Algérie pendant une semaine en compagnie de quelques membres de sa famille venus le rejoindre à la capitale et, plus exactement à Draria. D’après des sources bien informées avec lesquelles « Maghreb Intelligence » a pu échanger en exclusivité, c’est sur ordre de la présidence de la république que l’ex colonel du DRS a franchi les frontières aéroportuaires avec un passeport temporaire, qui lui avait été délivré récemment par l’ambassade d’Algérie à Berlin sous le nom de Samraoui Abdelwahab. Dés qu’il a foulé le sol algérien, il a immédiatement été pris en charge par un colonel du DRS répondant au nom de « Mostafa », et qui apparemment était en contact régulier avec Mohamed Samraoui depuis quelques années déjà. Le dissident s’est entretenu pendant son séjour avec un fonctionnaire de la présidence sur un certain nombre de dossiers liés à sa collaboration notamment sur le dossier « Ziane Hassani » alias le commandant « Rachid », et le dossier de l’organisation secrète du DRS et de ses activités clandestines. Lors de ces rencontres à Alger, Mohamed Samraoui a maintenu les accusations qu’il portait à l’encontre de trois agents du Département du Contre Espionnage algérien à savoir Nemouchi Reda, Hakim Benloucif, et Selmi Hichem, notamment à propos du dossier « Cristal8 » établi, dans les années 1990, par feu le général Samaïn Lamari.
Rappelons que le président de la république Abdelaziz Bouteflika avait, par le biais de l’ancien lieutenant colonel du DRS, Mohamed Chafik Mosbah, accusé réception au courant du mois de juin dernier, d’un courrier en provenance de l’ex colonel des services secrets algériens en exil, Mohamed Samraoui. Un courrier dans lequel ce dernier négocierait quelques détails et conditions restés encore en suspens et qui, apparemment, entravaient son éventuel retour au pays. Cette démarche entreprise par l’ex colonel du DRS vient après qu’il ait reçu au courant de cette année des garanties concernant l’annulation des poursuites engagées à son encontre. Ceci bien sûr en échange de sa collaboration avec les services présidentiels dans l’affaire du diplomate algérien Ziane Hassani, soupçonné d’avoir établi un ordre de mission au tueur présumé du militant algérien André Mecili, mais aussi, sur d’autres dossiers sensibles comme celui de l’assassinat du feu président Mohamed Boudiaf et du général Fodhil Saïdi.
Dans son courrier le colonel Mohamed Samraoui, a exprimé son grand regret au président Bouteflika et a vivement déploré la dissolution de la commission d’enquête instaurée il y a un an et demi par ce dernier en vue de faire toute la lumière et lever entièrement le voile sur un organisme secret des services spéciaux algériens créé par la vieille garde de l’ancienne puissante Sécurité Militaire. Un organe impliqué dans certains assassinats politiques au milieu des années 1990, et accusé dans le passé par le président Bouteflika et son entourage d’avoir tenté de le renverser à trois reprises depuis son intronisation à la magistrature suprême.
Dans son courrier, le colonel Mohamed Samraoui aurait joint un rapport détaillé sur les activités de l’organisme secret du DRS dans les années 1990, ainsi qu’une liste nominative d’agents spéciaux qui y auraient officiés. L’ex-colonel a demandé au président Bouteflika plus de garanties concernant sa sécurité et celle de sa famille dans le cas où il déciderait de rentrer en Algérie.
Dans son rapport Mohamed Samraoui accuse l’un des agents du service Action et Infiltration, le nommé Hakim Benloucif, originaire de Constantine, d’être l’un des membres les plus virulents de cette aile secrète du DRS et d’avoir été un élément proche de la nomenklatura des services de renseignements algériens dans les années 1990. Le colonel Samraoui affirme dans sa déclaration avoir échappé à plusieurs tentatives visant à l’éliminer physiquement par des membres de cette structure secrète après son feuilleton mouvementé avec le défunt général Smaïn Lamari.