Le nouveau ministre des Affaires étrangères marocain, l’islamiste Saâd-Eddine El Othmani, effectue en Algérie, dès ce lundi 23 janvier sa première visite officielle en dehors du Maroc. Annoncée en milieu de semaine dernière, cette visite revêt un intérêt tout particulier, notamment pour les Algériens. [onlypaid] Depuis quelques semaines, les observateurs ont remarqué une véritable inflexion de la diplomatie algérienne, à la peine face aux changements qui ont secoué le monde arabe depuis plus d’une année. La preuve a été le voyage à la mi-janvier à Tunis, du chef de l’Etat algérien qui a tenu à effacer des mois d’incompréhension entre les nouvelles autorités tunisiennes et El Mouradia. D’ailleurs, c’est lors du discours prononcé par Abdelaziz Bouteflika qu’ont été décelés les « messages » d’apaisement envers le Maroc. Devant Saâd-Eddine El Othmani, le président algérien a insisté sur la construction d’un Maghreb Arabe uni, en ajoutant « dans le respect de la législation internationale ». Une allusion de « circonstance » au dossier du Sahara occidental qui empoisonne les relations entre les deux plus grands pays du Maghreb. En effet, les Algériens ont fait, selon un responsable tunisien, « le minimum syndical » en ne prononçant à aucun moment le nom de la République démocratique sahraouie.
Voulant sortir de son isolement diplomatique, Alger pense que c’est aujourd’hui le moment de rebooster l’UMA. « Les dirigeants algériens savent que le peuple algérien a besoin d’actions concrètes pour oublier le retard pris par le processus de démocratisation annoncé en avril dernier », affirme un diplomate français en poste à Alger. Cette même source croit savoir que « le peuple algérien est plus sensible à ce qui se passe au Maroc qu’à ce qui s’est passé en Tunisie et en Libye. La nette victoire électorale des islamistes du PJD et la manière très fluide avec laquelle le gouvernement a été constitué, n’ont pas manqué de soulever l’admiration d’une grande frange de la société algérienne ». Aujourd’hui, Abdelaziz Bouteflika veut faire d’une pierre deux coups. « En recevant El Othmani à Alger, il précipite le dégel diplomatique entre les deux pays attendu depuis des années, tout en offrant cela à un ministre des Affaires étrangères élu par le peuple marocain », constate un ancien premier ministre algérien. Alger essaie de trouver la parade à son obstination à propos de la non-ouverture des frontières. « L’Algérie se trouve prise à son propre piège. Elle croit narguer le palais chérifien en déroulant le tapis rouge à Saâd-Eddine El Othmani et oublie que Bouguerra Soltani est à l’affût », explique un responsable politique marocain. « Les dirigeants algériens oublient rapidement que le processus politique au Maroc a été entamé en 1996, lorsque la Monarchie a décidé de se délester d’une partie de ses prérogatives à un gouvernement élu. Le PJD qui dirige l’actuel gouvernement et le palais sont en parfaite symbiose sur les questions prioritaires nationales », conclut ce responsable politique marocain, aujourd’hui dans l’opposition.[onlypaid] [/onlypaid]
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