Il y avait de l’eau dans le gaz entre le Maroc et la Mauritanie depuis plus d’une année déjà. D’après des sources bien informées à Nouakchott, le président mauritanien Ould Abdel Aziz a fini par agacer les autorités marocaines, notamment par sa « désinvolture » face aux changements qui sont intervenus en Tunisie et en Libye et la « rapacité » de ses proches qui n’arrêtent pas de demander des faveurs. Ce comportement a été jugé dangereux par les Marocains, qui auraient demandé au général Aziz de lâcher un peu de lest en faveur de son opposition, mais également en luttant contre l’affairisme de son entourage. Il semblerait, selon des diplomates occidentaux en poste à Nouakchott, que le président mauritanien n’ait rien voulu entendre. Il s’est aligné depuis le début des révoltes arabes sur les positions de l’Algérie. Cette dernière ne lésine pas sur les moyens en offrant une aide substantielle aux dirigeants mauritaniens. Le général Aziz, réputé pro marocain, aurait radicalement changé de position, contrairement à son alter ego et numéro deux du régime, le général Mohamed Ould Ghazouani qui, lui, n’a jamais coupé les ponts avec Rabat. D’ailleurs, à Nouakchott, ce n’est un secret pour personne que le torchon serait en train de brûler entre les deux hommes, trop liés par le passé. Le général Ould Ghazouani ne serait pas du tout d’accord sur la manière dont son ami le général Aziz gère le pays.
Les deux hommes seraient en froid depuis plusieurs mois et le président penserait sérieusement à se débarrasser de son chef d’état-major dont il est devenu trop méfiant. La rupture avec Rabat lui donnera-t-elle l’occasion ? Réponse dans les prochaines semaines.