
Dans la tempête diplomatique qui secoue Paris et Alger, un homme se dresse, droit dans ses bottes : Bruno Retailleau. Face au refus cinglant de l’Algérie de reprendre ses ressortissants expulsables, le ministre de l’Intérieur monte au créneau, sans détour. « Nous ne voulons pas la guerre avec l’Algérie, c’est l’Algérie qui nous agresse », tonne-t-il, mercredi 19 mars sur Sud Radio. Ce bras de fer, Retailleau le mène tambour battant, bien décidé à ne pas fléchir là où d’autres ont capitulé.
Depuis la fin de non-recevoir opposée par Alger à la liste de 60 Algériens sous OQTF, accusés d’être « parmi les profils les plus dangereux », Retailleau joue la carte de la fermeté. Suspension des facilités pour la nomenklatura algérienne, menace de remettre en cause les accords de 2007 sur les passeports diplomatiques : le ministre dégaine, méthodique. « L’Algérie doit cesser de baragouiner », lâche-t-il, ciblant une attitude qu’il juge provocante et méprisante pour la France.
Derrière cette posture offensive, l’ombre d’un attentat plane encore. Retailleau n’a pas oublié Mulhouse et la mort d’un Portugais, tué par un Algérien visé par une OQTF non exécutée. Un drame qui justifie aujourd’hui sa détermination farouche. « Ce terroriste, on avait demandé au consulat algérien de le reprendre 14 fois », grince-t-il, amer mais combatif.
Pendant que la crise enfle, les voix se déchaînent à l’Assemblée. Laure Lavalette (RN) réclame un « bras de fer », Jean-Philippe Tanguy évoque des « représailles massives », Didier Leschi, patron de l’OFII, va jusqu’à comparer l’Algérie à « la Corée du Nord du Maghreb ». La tension monte d’un cran chaque jour, transformant Retailleau en figure centrale de cette bataille diplomatique.
Au cœur d’un gouvernement souvent accusé de frilosité face à Alger, Bruno Retailleau incarne le refus de l’accommodement. Quitte à déranger jusqu’à l’Élysée. Car dans les coulisses, certains murmurent que le ministre n’hésiterait pas à poser sa démission si la sécurité des Français était compromise par l’immobilisme. Une ligne rouge qu’il affirme ne pas vouloir franchir.
Retailleau semble bien décidé à tenir tête au régime algérien, même si cela signifie s’opposer à la prudence d’Emmanuel Macron ou froisser la diplomatie classique. Un ministre sur le fil du rasoir, mais les deux poings levés.