
Par Maghreb Intelligence
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Après les activistes du Hirak, les opposants politiques, les journalistes indépendants ou critiques, place aux avocats qui sont aujourd’hui dans le viseur des autorités algériennes et de leur terrifiante machine de la répression. En effet, de plus en plus d’avocats algériens sont traqués, arrêtés, jugés et incarcérés en Algérie. Cette tendance commence même à inquiéter le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
A ce sujet, dans son dernier rapport consacré à l’Algérie, la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains, Mary Lawlor, a indiqué clairement que les avocats algériens sont exposés, aujourd’hui, à de très nombreuses formes d’intimidations et de pressions. « Alors que les avocats qui traitent des affaires ordinaires sur des questions non sensibles peuvent exercer leur profession librement et en toute sécurité, les avocats spécialisés dans les droits humains qui assurent la défense juridique des manifestants du Hirak, des défenseurs des droits humains ou de ceux qui travaillent sur des questions sensibles courent un risque particulièrement élevé. Cela a été le cas lorsqu’ils se sont mobilisés pour fournir une assistance juridique aux manifestants du Hirak depuis 2019 », explique ainsi cette experte indépendante nommée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour suivre la situation des droits de l’homme en Algérie.
« Certains avocats des droits humains ont formalisé ce soutien en créant le Collectif de défense des détenus d’opinion et se sont organisés dans tout le pays pour garantir l’intégrité des procédures judiciaires et l’état de droit. De nombreux avocats spécialisés dans la défense des droits humains ont été pris pour cible lorsqu’ils ont dénoncé des procès inéquitables et d’autres violations de droits dans le cadre de la condamnation de leurs clients. Récemment, Soufiane Ouali, Omar Boussag et Toufik Belala, tous membres du Collectif de défense des détenus d’opinion, ont été intimidés et interrogés, et ils font l’objet de poursuites judiciaires », certifie la même source dans son dernier rapport datant de janvier 2025
Pour illustrer les nouvelles pratiques de répression exercées à l’encontre des avocats algériens, Mary Lawlor cite deux cas très symboliques. Il s’agit, en premier lieu, de Soufiane Ouali qui a été arrêté « le 10 juillet 2024, en même temps que huit autres personnes. Les membres de sa famille auraient fait l’objet d’une violente perquisition au domicile familial, et l’ordinateur de M. Ouali aurait été confisqué. Il a ensuite été emmené à Alger et a comparu devant le tribunal de Sidi M’Hamed le 18 juillet 2024. Sa mise en liberté provisoire a été ordonnée par le pôle judiciaire spécialisé, puis confirmée le 29 juillet 2024 », déplore l’experte du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
Le deuxième cas concerne Omar Boussag qui a été « reconnu coupable d’« outrage à corps constitué » et d’ « incitation à un attroupement non armé » en vertu des articles 100 et 146 du Code pénal, à la suite d’une publication sur un média social le 7 mai 2021 et qui concernait un mouvement social. Il a été condamné à une amende de 50 000 dinars ». « Ces cas illustrent les défis auxquels sont confrontés certains avocats en Algérie dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles et de leur liberté d’expression », souligne enfin Mary Lawlor dans son dernier rapport en rappelant au gouvernement algérien « les Principes de base relatifs au rôle du barreau ».
« En vertu du principe 16, les avocats doivent pouvoir exercer leurs fonctions professionnelles sans intimidation, entrave, harcèlement ou ingérence indue, et ne pas faire l’objet ou être menacés de poursuites ou de sanctions administratives, économiques ou autres pour toute action entreprise conformément aux obligations, aux normes et aux règles déontologiques reconnues de leur profession », atteste en dernier lieu la même source.