D’après des sources bien informées à Washington, la Maison Blanche suit de près depuis des mois la situation au Moyen-Orient et au Maghreb. Barak Obama demande souvent des notes détaillées sur l’évolution dans les pays arabes. Pris de court par les révolutions tunisienne et égyptienne, l’administration américaine ne veut plus rien laisser au hasard.[onlypaid] Ainsi, un rapport émanant de la CIA a atterri il y a quelques jours sur le bureau de Barak Obama. Il classe les pays arabes selon la stabilité des régimes et l’évolution vers la démocratie. D’après les experts de Langley, ce sontla Tunisie, le Maroc et l’Egypte qui rassurent le plus. Toujours selon ce rapport, les trois pays devraient connaître à moyen terme, une évolution sereine vers la démocratie. L’exemple turc est avancé pour étayer cette analyse. Les institutions militaires en Tunisie et en Egypte et l’institution monarchique au Maroc constituent de fortes garanties pour que la nouvelle donne politique dans ces pays ne dérape pas. La Jordanie, la Libyeet le Koweït sont eux aussi bien notés. Malgré quelques difficultés, les régimes de ces pays auront eux aussi tendance à s’acheminer vers plus d’ouverture politique et de démocratie. Moins avancées que les trois premiers, leurs systèmes politiques ont plusieurs atouts pour instaurer des démocraties : légitimité monarchique forte en Jordanie et au Koweït et nouvelle légitimité révolutionnaire en Libye.
Cependant, ce qui inquiète le plus Washington, c’estla Syrie. La CIA est convaincue, d’après les informations remontant du terrain, quela Syrie est en train de plonger dans une guerre civile sanglante. Le régime bassiste ne tiendra pas longtemps et les rancunes contre les alaouites sont très fortes. Une partie de l’armée risque d’ici quelques mois, de se retourner contre le président Bachar Al Assad, ce qui précipiterait le pays dans des affrontements confessionnels et claniques inextricables. Un autre pays où la situation est qualifiée d’anxiogène est le Bahreïn. Le calme y est précaire et la révolte qui y gronde depuis plusieurs mois, est bien réelle. Il y a une rupture totale entre la monarchie sunnite et le peuple à majorité chiite. Le Yémen ne semble pas non plus présenter des gages de stabilité dans l’avenir. La nature tribale et archaïque du pays semble convaincrela CIA que le régime, même sans Abdallah Saleh, demeure le meilleur en ce moment. Toute ouverture démocratique, selon les Américains, risquerait de faire glisser le pays dans le chaos.
Enfin, les Américains pensent que le régime de l’Arabie Saoudite peut encore tenir sous sa forme actuelle pour des années encore. La succession au trône ne devrait pas poser de problèmes dans les dix prochaines années. L’Algérie, pour sa part, demeure un mystère complet. Alors que les Américains sont quasi certains que Abdelaziz Bouteflika ne briguera pas un nouveau mandat et que même les plus influents de la hiérarchie militaire sont soit malades soit au bout de leurs carrières, voire même de leurs vies, ils ne sont par contre pas sûrs que les militaires peuvent continuer à tirer les ficelles d’un pouvoir civil croupion. « L’Algérie subit de plein fouet les changements démocratiques en Tunisie, au Maroc et en Libye. L’opinion publique aujourd’hui attentiste peut rapidement changer de posture », commente un journaliste américain qui a eu accès au rapport dela CIA. [/onlypaid]