Point de départ crucial pour les migrants en direction de l’Europe, à travers l’Italie, la Tunisie de Kaïs Saïed a accepté de jouer les garde-côtes de l’UE en échange d’une contrepartie financière. Sous l’impulsion de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, un important accord a, par ailleurs, été signé pour aider la Tunisie à gérer sa crise financière après avoir tourné le dos au FMI.
Toutefois, la promesse de Meloni à Saïed, d’offrir 4 000 contrats de travail aux Tunisiens en Italie dans le cadre dudit accord n’est que chimère. «Venus pour travailler conformément au décret sur les flux annuel des travailleurs (le decreto flussi), les Tunisiens sont expulsés dès leur arrivée dans les aéroports italiens», confie un ancien diplomate tunisien à Maghreb Intelligence.
Selon nos informations, quelques centaines de Tunisiens entrée régulièrement sur le territoire italien ont été placés dans des centres de détention avant d’être expulsés. D’autres se retrouvent aujourd’hui dans une situation irrégulière après avoir découvert que les contrats étaient fictifs. Pendant ce temps, Mourad Bourehla l’ambassadeur de la Tunisie à Rome est aux abonnés absents.
D’ailleurs, la diplomatie semble être un exercice très délicat pour le président tunisien Kaïs Saïed. Arrivé au pouvoir en 2019, le chef d’État – réélu pour un second quinquennat le 6 octobre dernier – a alimenté le vide dans de nombreux pays, notamment l’Italie, la France, ou encore le Togo et le Mali en Afrique, où les représentations diplomatiques tunisiennes se font rares.
Faute d’ambassade agissante à Rome, les Tunisiens se retrouvent livrés à eux même, tandis que le président Saïed est, quant à lui, piégé par les accords signés avec la Première ministre italienne. Ainsi, l’Italie, et en particulier Giorgia Meloni, semblent profiter de la faiblesse économique et diplomatique de la Tunisie sous Kaïs Saïed pour instaurer un équilibre fragile.