Chassés, emprisonnés, ou contraints à l’exil… Le sort des opposants au pouvoir ultra-autoritaire de Kaïs Saïed, en Tunisie, est peu enviable. Un temps privé de son passeport, en 2022, l’ancien conseiller auprès de la présidence de la République, sous feu Béji Caïd Essebsi, Noureddine Ben Ticha, retrouve des couleurs à l’étranger. D’abord à Dubaï, il s’installe finalement à Paris, une ville qu’il connaît très pour avoir vécu quelques années en France suite à son exil sous Ben Ali.
À l’image de Nabil Karoui, ex-candidat au scrutin présidentiel de 2019, Kamel Jendoubi, ancien ministre tunisien des droits de l’homme ou Bochra Belhadj Hamida, militante progressiste, Noureddine Ben Ticha a fait de la capitale française son nouveau refuge face à l’offensive répressive du président de la République à Tunis. Mais à l’inverse des personnalités suscitées Ben Ticha est très actif dans le milieu de la diaspora tunisienne à Paris pour « remobiliser les troupes ».
Proche de Oussama Khlifi, le bras droit de Nabil Karoui, l’ancien conseiller auprès de la présidence de la République noue systématiquement contact avec les cadres tunisiens à Paris pour les réunir autour d’un projet : soutenir Mondher Zenaidi face à Kaïs Saïed. Seul bémol, l’ancien ministre sous Ben Ali a été injustement écarté de la course à Carthage par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), contrôlée par le président de la République.
Mais pas de quoi démobiliser Noureddine Ben Ticha, qui dispose de la nationalité française. Évincé de la scène politique tunisienne dans le cadre d’une campagne de répression contre l’opposition orchestrée par Kaïs Saïed et privé de ses relais à Tunis, le natif de Jammel, une ville du Sahel tunisien, multiplie les rencontres et les réunions avec les figures de l’opposition pour faire entendre leur voix contre le pouvoir en place. S’il ne s’expose plus médiatiquement, le franco-tunisien est très influent en coulisses.
Après l’arrivée au pouvoir de Kaïs Saïed en 2019, la Tunisie a progressivement sombré dans une dérive autoritaire, marquée par un affaiblissement des institutions démocratiques et une centralisation accrue du pouvoir entre les mains du président. Autrefois saluée comme un modèle de transition démocratique dans le monde arabe après la révolution de 2011, la Tunisie est fragilisée par la pire crise politique, économique et sociale de son histoire moderne.