Par Ilyas Aribi
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Le chantier de la future raffinerie de Hassi Messaoud en Algérie, l’un des projets phares auquel tient énormément le Président Abdelmadjid Tebboune, risque de ne jamais voir le jour car les autorités algériennes affirment être confrontées à un épineux problème dont l’issue risque d’être malheureuse : les « pratiques très louches », selon des sources algériennes, de la compagnie espagnole Tecnicas Reunidas, la société en charge de la réalisation de cette précieuse raffinerie budgétisée en 2019 à hauteur de 3,7 milliards de dollars US.
En effet, nous avons appris de sources sûres à Alger que les relations entre les autorités algériennes et la compagnie espagnole Técnicas Reunidas ne cessent de se détériorer en raison de plusieurs démarches entrepris récemment par la compagnie espagnole qui semble profiter, comme nous l’avons révélé récemment dans l’une de nos publications, d’une situation de « chantage » pour contraindre les autorités algériennes à lui accorder des privilèges onéreux, mais illicites du point de vue de la législation algérienne.
Ainsi, comme nous l’avons rappelé lors de notre dernière publication consacrée à ce dossier, c’est effectivement la société espagnole Técnicas Reunidas avec son partenaire le géant sud-croéen Samsung Engineering qui a été sélectionnée en janvier 2020 pour la réalisation d’une raffinerie de pétrole brut à Haoud El Hamra (village de la commune de Hassi Messaoud, à 30 km de Hassi Messaoud, dans la wilaya d’Ouargla, centre de l’Algérie). Le contrat EPC (ingénierie, approvisionnement et construction) attribué à Tecnicas Reunidas et Samsung Engineering, d’une valeur de près de 3,7 milliards de dollars US, devait être exécuté dans un délai de 52 mois dès l’entrée en vigueur du contrat. La livraison du projet était prévue en mars 2024, avec deux ans de garantie, soit mars 2026 pour la réception finale. Mais la pandémie de la COVID-19 a provoqué le gel immédiat de ce projet en 2020 et 2021. Et en 2022, lorsque la Sonatrach a voulu relancer ce projet, un conflit inattendu et violent a éclaté avec les espagnols Técnicas Reunidas.
Selon nos sources, ce conflit s’est aggravé au début de cette année 2024 lorsque la compagnie espagnole a modifié unilatéralement les dispositions de sa joint-venture conclue avec le géant sud-coréen Samsung Engineering. Lorsque les deux partenaires ont remporté le marché de la réalisation de la raffinerie de Hassi Messaoud, les espagnols possédaient 55 % des parts de la joint-venture alors que les sud-coréens conservaient les 45 % restants. Sauf que depuis le début de 2024, les espagnols se sont emparés de 70 % des parts de la joint-venture concédant uniquement 30 % aux sud-coréens devenant ainsi le principal artisan du projet de la future raffinerie de Hassi Messaoud, la plus importante raffinerie du pays voulue par l »Etat algérien, accumulant ainsi des responsabilités, des profits et des charges qui n’étaient pas du tout consignées dans l’offre proposée à Sonatrach en 2019 au moment de l’évaluation technique et commerciale pour l’obtention de cet important marché d’hydrocarbures en Algérie.
La modification du fonctionnement de la joint-venture de Tecnicas Reunidas avec Samsung Engineering a été opérée sans consulter la Sonatrach et sans demander l’aval des autorités algériennes. Celles-ci étaient déjà très remontées contre la société espagnole car celle-ci ne cesse de réclamer des paiements avancés avant de débuter les travaux du chantier de la future raffinerie de Hassi Messaoud. Après avoir obtenu une première avance de 200 millions de dollars US, Tecnicas Reunidas réclame pas moins de 150 millions de dollars US supplémentaires avant de poser la première pierre d’inauguration de la future raffinerie prétextant des préjudices financiers subis lors de la période du gel du projet. Une revendication qui a particulièrement exaspéré la Sonatrach et les autorités suprêmes de l’Etat algérien qui se sentent « rackettées » par la compagnie espagnole se sentent en position de force avant de réaliser la raffinerie désirée par l’Algérie.
Par ailleurs, nos sources assurent que les autorités algériennes ont lancé une vaste enquête sur les pratiques et marchés antérieurs de Tecnicas Reunidas. Et d’ores et déjà des découvertes ont été faites par le régime algérien lequel a identifié, à titre d’exemple, un mécanisme de surfacturation de devises employé par la compagnie espagnole à travers le recours à des sous-traitants étrangers qui s’impliquent régulièrement dans les projet réalisés par la compagnie espagnole au Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Alger soupçonne un homme d’affaires Koweitien établi sur la Côte d’Azur au sud de la France d’être la tête pensante de ce mécanisme sournois de surfacturation des prestations en devises de Tecnicas Reunidas. Un autre individu originaire de l’Amérique latine a été également identifié comme l’un des collaborateurs de la société espagnole en étant l’un des cerveaux de ses opérations financières illicites. Ces informations ont aggravé la méfiance et les doutes des autorités algériennes à l’égard de Tecnicas Reunidas et cette dernière risque d’être écartée dans les mois à venir de la réalisation de la raffinerie de Hassi Messaoud. Ce qui conduira à un autre scandale judiciaire puisque la compagnie espagnole n’hésitera pas à traîner Sonatrach et l’Etat algérien devant les instances d’une Cour d’Arbitrage international.