L’ancien député européen, consultant dans des médias et figure médiatique influente en France, Karim Zeribi a décidé de prendre discrètement ses distances avec le pouvoir algérien. Le fondateur du Congrès Mondial de la Diaspora Algérienne (CMDA), un nouveau collectif qui affiche les ambitions de devenir le nouveau instrument de lobbying au service de la communauté algérienne établie en France et en Europe, a finalement convaincu ses autres camarades engagés dans ce projet de reporter l’organisation de leur premier congrès prévu fin avril à une date ultérieure qui n’a pas été encore fixée.
Et pourtant, cet évènement prévu à Alger était attendu avec beaucoup d’impatience et les médias algériens comme les autorités algériennes avaient accueilli avec beaucoup d’enthousiasme cette initiative à travers laquelle la fine fleur de la diaspora algérienne en France devait rallier Alger pour exprimer son « attachement au pays » et sa volonté à contribuer activement à son développement. Cependant l’annonce d’une élection présidentielle anticipée pour le 7 Septembre prochain en Algérie a troublé l’agenda des organisateurs du premier congrès du CMA et un profond malaise s’est emparé des membres de ce projet en raison du risque très élevé de « récupération politique » que pourrait initier le régime algérien en quête de « soutiens » et de « caution » pour l’éventuel 2e mandat d’Abdelmadjid Tebboune.
Il faut dire que Karim Zeribi était depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sous les feux des critiques en raison des forts soupçons qui pèsent sur sa supposée proximité avec le régime du président Tebboune. L’ancienne figure de la vie politique marseillaise s’est rendue à maintes reprises à Alger au cours de l’année 2023 où il s’était affiché sur de plusieurs plateaux de médias publics comme privés pour faire les éloges du « réveil » de l’Algérie ou de « son retour en force » sur la scène internationale adoptant ainsi une posture très complaisante à l’égard du régime Tebboune sans piper mot en public sur les violations des droits de l’Homme et la persécution des libertés publiques ou individuelles dans le pays. Une posture qui a suscité une énorme polémique sur les véritables intentions d’un Karim Zeribi d’autant plus que certaines de ses fréquentations algériennes laissaient clairement entendre qu’il pourrait devenir l’un des relais pour la propagande autour de la nécessité d’un 2e mandat du Président Abdelmadjid Tebboune.
Les critiques sont devenues de plus en plus acerbes à l’approche de la date prévue du premier congrès du CMDA au point où plusieurs membres de l’entourage proche de Karim Zeribi l’ont fortement incité à réviser son attitude vis-à-vis du régime algérien qui a clairement déployé un puissant dispositif politique et médiatique pour récupérer à son profit le futur congrès du CMDA. Et c’est pour préserver sa crédibilité et intégrité morale que Karim Zeribi a décidé de demander à ses collaborateurs de reporter l’organisation du premier congrès du CMDA après les prochaines élections présidentielles anticipées afin de ne jeter aucun discrédit sur cette initiative qui se veut être patriotique mais non pas partisane au service du pouvoir du président Tebboune. Toutefois, dans ses déclarations publiques, Karim Zeribi se garde bien de dire la vérité à propos des motivations ayant conduit au report du congrès du CMDA à Alger et dans une récente interview accordée au journal algérien El Watan, il a expliqué avec beaucoup de précaution dans ses éléments de langage que « le comité d’organisation du CMDA et son président Aghilas Amimer ont décidé de reporter le congrès prévu les 27 et 28 avril à Alger, car ils ont estimé que l’engouement exceptionnel pour cet événement nécessitait plus de temps de préparation afin d’accueillir non pas 1000 personnes mais 3 fois plus à l’automne prochain. En ma qualité de cofondateur du CMDA, je trouve cette décision pleine de bon sens car plus de 3600 demandes d’inscription étaient en attente du côté de la diaspora sans compter les centaines de demandes d’Algériens vivant en Algérie qui souhaitaient participer à ce grand moment ».
Karim Zeribi a reconnu dans la même interview que « le comité d’organisation a prévu de reporter le congrès du CMDA à l’automne 2024. C’est le temps nécessaire pour assurer une bonne organisation sur le plan logistique ». Une autre façon de dire que nous ne voulons pas être mêlés aux enjeux compliqués des prochaines élections présidentielles anticipées du 7 septembre prochain sans pour autant froisser Abdelmadjid Tebboune et les autres détenteurs des commandes du pouvoir algérien. Une belle façon de faire marche arrière et de prendre tranquillement ses distances en attendant de « voir plus clair » dans le très obscur jeu de pouvoir des décideurs algériens.