L’affaire de Nouri El-Mismari, ancien chef du protocole du guide libyen Mouammar Kadhafi, n’a pas encore livré tous ses secrets. La justice française s’est retrouvée dans l’embarras avec ce dossier entre les mains.
Réfugié en France, Nouri El-Mismari est réclamé par Tripoli qui demande son extradition, officiellement pour avoir détourné des fonds importants. Mais la tête de ce haut responsable de la garde rapprochée du colonel Kadhafi, serait demandée pour d’autres motifs non révélés, mais bien plus sérieux. En effet, ce n’est pas l’argent qui inquiète le guide libyen, mais la perspective que son ex-chef du protocole -homme important du régime- ne se mette à « chanter comme un canari ». El-Mismari était en effet perçu à Tripoli, comme l’un des « gardiens du temple », le confident du régime et surtout celui de l’inamovible guide libyen, dont il était inséparable. Il serait donc au courant de tous les dossiers classés top-secrets en Jamahiriya libyenne. Nouri El-Mismari qui garde un mutisme total sur les véritables motifs de sa fuite précipitée de Tripoli, s’est opposé dès le début de cette affaire à sa propre extradition, par peur des représailles de son ex patron, le colonel Kadhafi. Il a même tenté de chanter les louanges de Mouammar Kadhafi à travers la chaîne arabe Al-Jazeera. Une façon sans doute de tenter de protéger sa famille qui a été interdite de quitter le territoire libyen pour aller le rejoindre en France et qui risque de payer la note à sa place. Arrêté et incarcéré, début décembre, à la suite d’une demande d’extradition libyenne, Nouri El-Mismari a été ensuite libéré le 15 décembre dernier par la cour d’appel de Versailles. Un magistrat du parquet qui avait placé El-Mismari sous écrou extraditionnel dans l’attente de l’examen de la demande libyenne, n’avait pas autorité pour prendre une telle mesure, a déclaré son avocat, Frédéric Landon. Les autorités de Tripoli craignent qu’une fois obtenu son asile politique en France, l’ancien gardien du temple livrera ses secrets. Ces derniers risquent de remettre la Libye dans une situation embarrassante comme au temps où le pays était soumis à un embargo international consécutif aux attentats de Lockerbie. Si Tripoli a peur pour ses dossiers secrets tenus jusqu’à présent au chaud, Paris craint de son côté, que la nouvelle affaire El-Mismari qui l’oppose à la Jamahiriya ne vienne mettre en péril ses intérêts économiques avec la Libye.