Lundi dernier, le cabinet royal jordanien annonce brusquement le limogeage du premier ministre Maarouf Al Bakhit, en poste depuis le 1er février 2011, et son remplacement par le juge à la Cour internationale de La Haye, Aoun Khassawneh. La désignation d’un nouveau premier ministre par le roi Abdallah vient mettre fin à plusieurs mois de tension entre l’opposition et le gouvernement Al Bakhit. [onlypaid]
Celui-ci avait fini par mécontenter aussi bien l’opposition islamiste que les notables qui constituent le socle politique du régime hachémite. D’après une source à Amman, généralement bien renseignée, le roi Abdallah pensait changer de gouvernement en été, mais peinait à trouver un remplaçant à Al Bakhit qui « était tombé sous le coup d’un carré de sécuritaires s’activant au cabinet royal », affirme notre source. Le nouveau premier ministre, Aoun Khassawneh, contacté par le roi en septembre, aurait ainsi exigé des garanties royales afin qu’il puisse s’acquitter convenablement de ses tâches et désamorcer la crise qui secoue le pays. Ce juriste chevronné diplômé de l’université de Cambridge en Grande-Bretagne avait dirigé le cabinet royal de 1996 à 1998 sous le règne du défunt roi Hussein. Il a déjà commencé à rencontrer toutes les formations politiques jordaniennes en ayant pour objectif de constituer un gouvernement d’ici samedi prochain. L’une des premières tâches d’Aoun Khassawneh est l’aboutissement, dans les meilleurs délais, du processus de réformes constitutionnelles et politiques lancé par le roi. Un processus qui devrait déboucher sur des élections générales transparentes afin de faire oublier celles de 2007 entachées par d’énormes irrégularités. Cela dit, d’après les observateurs à Amman, la grande surprise a été la nomination dans la foulée de celle du premier ministre, d’un nouveau patron pour les surpuissants services de renseignements. Il s’agit du général major Faisal Chobaki, ambassadeur au Maroc depuis 2008. Rappelé d’urgence, le général major Chobaki, qui était tombé en disgrâce en 2005 avant d’être envoyé à la tête de la mission diplomatique jordanienne à Rabat, a pour mission de « normaliser » les services de renseignements et de « desserrer l’étau » des sécuritaires. Choisissant Chobaki, le roi Abdallah envoie un signal aux Jordaniens disant qu’il privilégie de s’inspirer du modèle marocain en matière des réformes. Faisal Chobaki a suivi de très près les évolutions politiques au royaume alaouite. Dernièrement, il a rédigé des notes détaillées pour le roi Abdallah sur le processus de réformes engagé au Maroc, ainsi que l’adoption d’une nouvelle constitution. A Rabat, on sait que le général-ambassadeur ne cachait pas son intérêt pour l’échafaudage constitutionnel marocain, ni pour la dynamique que connaît la société civile marocaine. En quatre années au Maroc, le général major Chobaki a pu observer une expérience de démocratisation qui tranche avec ce qui se passe au Moyen-Orient où les forces conservatrices sont plus prégnantes qu’au Maroc. D’ailleurs, l’une des premières décisions du nouveau patron des renseignements généraux jordaniens serait, d’après nos sources, la liquidation de l’héritage encombrant de son prédécesseur, le général Mohamed Rakkad, soupçonné d’avoir favorisé l’enrichissement de certains cadres de ses services. Lui-même devrait rendre sous peu, d’après des diplomates occidentaux, un grand palais qu’il habite aujourd’hui à Amman-Ouest. [/onlypaid]
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