Le Maroc vient de lancer un appel d’offres pour l’acquisition de 168 nouveaux trains et pour développer une industrie ferroviaire locale. Plusieurs entreprises européennes ont déjà manifesté leur intérêt comme l’Espagnol Talgo ou encore le mastodonte français Alstom, qui a déjà fourni les douze premiers trains rapides d’Al Boraq.
Cela dit, Alstom ne participera cette fois-ci à l’appel d’offres marocain. En raison de la crise diplomatique qui secoue depuis de longs mois les relations entre Paris et Rabat, la direction de la société mère française Alstom, a décidé de passer la main à sa filiale espagnole pour négocier le contrat en cours.
Ainsi, Alstom Espagne sera chargé de développer, de présenter l’offre et de participer à la négociation avec l’ONCF et le gouvernement marocain pour la fourniture de trains à l’opérateur marocain. L’appel d’offres prévoit d’acheter 150 trains pour les navettes métropolitaines, les services interurbains et les trains rapides, ainsi que 16 autres trains à grande vitesse, tous des produits disponibles dans le portefeuille du groupe industriel français. Un avantage que le groupe français, un habitué du Maroc, compte utiliser contre ses concurrents.
D’ailleurs, la filiale espagnole a été déjà chargée de présenter une offre préliminaire dans le cadre de la manifestation d’intérêt lancée par les chemins de fer marocains en septembre 2022, qui a attiré 10 constructeurs du monde entier. Le contrat de construction de ces nouveaux trains est évalué à 1 milliards et demi d’euros.
Par cette pirouette, Alstom espère surmonter la complexité des relations diplomatiques entre le Maroc et la France. Il cherche également à profiter du nouveau jeu géopolitique qui a fait de l’Espagne un partenaire privilégié de l’exécutif marocain.
Déjà l’usine Alstom de Santa Perpètua de Mogoda, située dans la région de Barcelone, est chargée de la fabrication de 87 tramways supplémentaires pour Casablanca et qui seront livrés dans un avenir très proche. La filiale espagnole d’Alstom travaille depuis plus d’une décennie pour fournir différents véhicules ferroviaires au royaume du Maroc. En 2011, elle avait livré 190 tramways modèles Citadis destinés aux systèmes de transport de Rabat et de Casablanca.
Le nouvel appel d’offres prévoit la livraison des trains entre les années 2027 et 2030, ainsi que l’installation d’un atelier sur le sol marocain pour effectuer la maintenance des nouvelles unités, ainsi que la mise en service d’un pôle de développement industriel qui comprend la construction d’une nouvelle usine et le développement d’un écosystème de fournisseurs et d’entrepreneurs ferroviaires similaire à celui que le Portugal souhaite lancer.