Par Ilyas Aribi
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L’administration de Joe Biden à Washington multiplie les pressions sur le pouvoir algérien pour le persuader de revenir à une « normalisation » des relations politiques et diplomatiques avec le Maroc. Des relations rompues brutalement depuis août 2021 et qui ont plongé les deux pays dans une phase de tensions et d’hostilités inédites. Selon des sources diplomatiques contactées par nos soins, les autorités américaines ont lancé depuis plusieurs mois une initiative consistant à établir des passerelles d’échanges et de négociations entre l’Algérie et le Maroc en vue d’aboutir à une désescalade diplomatique.
Et c’est dans l’objectif de renforcer cette feuille de route visant à réconcilier l’Algérie avec le Maroc que s’inscrit la visite de la sous-secrétaire d’Etat américain adjoint, Joshua Harris, qui est arrivée hier mercredi 6 décembre en Algérie pour une visite axée sur « le conflit au Sahara occidental », a annoncé le département d’Etat américain dans un communiqué. Or, selon nos sources, le contenu le plus important des échanges de cet adjoint d’Antony Blinken avec les dirigeants algériens ne portera pas sur le conflit du Sahara Occidental à proprement parler. Il s’agirait, certifient nos sources, pour la diplomatie américaine de persuader le régime algérien de revoir sa copie et de cesser d’instrumentaliser la question du Sahara Occidental comme motif justifiant la politique belliqueuse et hostile à l’égard du Maroc.
Selon encore nos sources, Washington a fourni à Alger de sérieux gages et des assurances solides concernant l’impératif de protéger la sécurité nationale de l’Algérie. Les américains ont promis aux dirigeants algériens qu’ils ne toléreront pas que l’alliance nouée entre le Maroc et Israël ou les Emirats Arabe Unis lance des manœuvres pouvant menacer la sécurité nationale en Algérie. Washington a promis ainsi à Alger qu’aucune agression contre la sécurité ou l’intégrité territoriale de l’Algérie ne sera commise par le Maroc, Israël ou un autre pays proche des intérêts américains dans la région. Washington veut se porter ainsi garant d’un ordre de stabilité régionale qui garantira la paix à l’Algérie comme au Maroc.
En échange de ces garanties et assurances américaines, Washington presse Alger de laisser de côté la radicalité de sa politique anti-marocaine et d’accepter le principe d’un retour progressif vers des relations bilatérales plus ou moins apaisées en laissant le dossier du « Sahara Occidental » uniquement entre les mains des différents organismes de l’ONU en charge de lui trouver des solutions. Nos sources soulignent enfin que les Etats-Unis accordent un intérêt stratégique à leurs efforts de médiation entre Alger et Rabat car l’administration américaine redoute l’impact d’une montée dangereuse des tensions entre le Maroc et l’Algérie sur la stabilité de tout le bassin méditerranéen. Washington redoute ainsi qu’une crise majeure au Maghreb ne profite à une expansion de l’influence de la Russie ou de la Chine aux portes de l’Europe, la zone d’influence stratégique pour les Etats-Unis.