L’entreprise espagnole de construction ferroviaire Talgo, fondée en 1942, aurait jeté son dévolu sur le Maroc en tant que marché potentiel pour de nouveaux contrats dans les dix ans à venir.
Le royaume chérifien ambitionne d’améliorer son réseau ferroviaire en prévision de la Coupe du Monde de football en 2030. Des sources à Las Rozas à Madrid, siège du groupe, révèlent que Talgo s’intéresse particulièrement à l’opportunité de fournir des trains pour les différentes compétitions que le Maroc souhaite organiser.
Le Maroc a déjà budgété un montant total de 1,167 milliards d’euros (12,770 millions de dirhams) pour l’acquisition d’ici 2026 de nouveau matériel roulant jusqu’en 2026, ouvrant ainsi la porte à une possible grande commande de trains à grande vitesse. Un premier appel d’offres, évalué à 839 millions d’euros et visant l’achat de trains destinés aux services de banlieue et régionaux serait sur le point d’être lancé.
Talgo espère mettre en avant deux de ses produits phares : le train à grande vitesse Avril (Alta Velocidad Rueda Independiente Ligero) et le train léger de banlieue et régional EMU, capable d’atteindre une vitesse de 160 kilomètres par heure. Le train Avril vient de recevoir l’autorisation définitive pour circuler sur les voies espagnoles, une avancée cruciale qui lui permettra d’entrer en service avec Renfe au printemps prochain. Les opérateurs nationaux et internationaux, ainsi que des pays étrangers, suivent de près ses performances en vue de futures commandes.
L’appui du gouvernement espagnol est un atout considérable pour Talgo. En début d’année, l’Espagne a signé un protocole d’accord avec le Maroc pour soutenir la construction d’infrastructures de grande envergure, notamment l’expansion du réseau à grande vitesse. De plus, la candidature tripartite entre l’Espagne, le Portugal et le Maroc pour la Coupe du Monde pourrait entraîner des engagements sous forme d’investissements dans les deux pays.
L’opérateur public marocain ONCF (Office National des Chemins de Fer) compte lancer un appel d’offres public d’une valeur de 839 millions d’euros pour acheter jusqu’à 120 nouveaux trains dans le réseau ferroviaire du pays. Des entreprises espagnoles comme Talgo et CAF, ainsi qu’Alstom et sept autres entreprises du monde entier, dont des sociétés chinoises et japonaises, ont manifesté leur intérêt pour cette compétition.
Le lauréat du contrat devra établir une usine au Maroc pour construire ces unités en utilisant de la main-d’œuvre locale. Ces nouveaux trains remplaceront environ cinquante unités en fin de vie utile et devront être capables d’atteindre des vitesses proches de 200 kilomètres par heure, ce qui augmentera considérablement la capacité opérationnelle du réseau marocain.
Actuellement, le Maroc ne dispose que d’une seule ligne à grande vitesse opérationnelle entre Tanger et Casablanca, un projet qui a coûté 2,8 milliards d’euros. Le plan du gouvernement marocain prévoit la construction de 1 300 kilomètres supplémentaires de ligne à grande vitesse pour étendre la ligne existante (Al Boraq) jusqu’à Marrakech et Agadir, ainsi que la création d’une nouvelle liaison est-ouest entre Oujda et Rabat.
En outre, il envisage d’étendre le réseau ferroviaire conventionnel de 3 800 kilomètres supplémentaires afin de relier un plus grand nombre de villes (de 23 à 43) et de desservir une plus grande part de la population (de 51 % à 86 %). Toutefois, ces projets nécessitent un financement important, estimé à 35 milliards d’euros d’ici 2040. Le gouvernement marocain a d’ores et déjà alloué 130 millions d’euros pour les premières études jusqu’en 2027.
La France, avec sa relation historique avec le Maroc, a joué un rôle majeur dans le lancement de la première ligne à grande vitesse en 2018. Cependant, les tensions diplomatiques actuelles entre les deux pays ont conduit la SNCF, l’opérateur public français, à ne pas présenter d’offre pour la conception de la nouvelle ligne à grande vitesse. Malgré ces difficultés politiques, Alstom a annoncé un investissement de 16 millions d’euros en juillet pour créer une nouvelle usine de production au Maroc, qui pourrait être un prélude à sa participation à l’appel d’offres de l’ONCF.