L’étau se resserre de plus en plus autour de la Sarkozie. La mise en examen de deux très proches collaborateurs du président français par le juge Renaud van Ruymbeke pour complicité d’abus de biens sociaux, sonne comme un énième épisode de la longue descente aux enfers du système mis en place par Nicolas Sarkozy depuis près de trente années.[onlypaid]
Les choses se sont accélérées ces derniers jours, car après la mise en examen –attendue- de l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, c’était au tour de Nicolas Bazire et de Thierry Gaubert. Ces deux hommes, proches du chef de l’Etat, sont suspectés d’avoir participé au financement occulte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, grâce à des commissions versées lors de contrats d’armement. Il s’agirait de la vente de sous-marins au Pakistan, mais surtout de la cession de frégates à l’Arabie Saoudite, contrat baptisé Sawari 2.
La mise en examen de Nicolas Bazire est à elle seule un évènement considérable, tant l’homme était considéré comme le deus-ex machina ayant assuré la transposition du système Balladur vers l’univers Sarkozien. Ancien directeur de cabinet à Matignon, Bazire avait déjà été soupçonné d’avoir été « léger » avec les fonds secrets octroyés à l’époque au premier ministre, ce qui avait entrainé la suppression pure et simple des « caisses noires de la république » par Lionel Jospin lors de son arrivée au pouvoir en 1997.
Aujourd’hui, alors que le scandale touche deux de ses proches, le président déjà mal en point dans les sondages semble être sur une pente glissante. « Il va se faire bouffer par Marine Le Pen sur sa droite. Elle va lui mener la vie dure sur les affaires. Sur sa gauche, Sarkozy affrontera certainement François Hollande qui n’a jamais prit part à aucun gouvernement et qui n’offre donc aucune prise », explique un analyste politique français. Il faut dire que le feu commençait à s’approcher dangereusement de la maison Sarkozy depuis quelques mois déjà. La sortie de Robert Bourgi, avocat proche de Nicolas Sarkozy, contre Jacques Chirac et Dominique de Villepin a été jugée hasardeuse et contre-productive par plusieurs leaders de l’UMP. « Le coup est téléphoné. Le président voulait allumer un contre-feu, mais les flammes vont le cramer », s’étonne un ancien premier ministre.
Au Maghreb, les révélations ont créé un malaise. L’on estime que cette guerre interne n’est pas digne d’une puissance comme la France. « Si les noms des chefs d’Etat étrangers commencent à être jetés en pâture à la presse pour servir d’outils dans une vendetta interne, alors c’est que l’Elysée ne contrôle plus rien », s’exclame un fin connaisseur du village maghrébo-français. Il semblerait qu’aussi bien à Rabat, Tunis et Alger, l’on observe avec circonspection les derniers développements et l’on se demande de quoi l’élection présidentielle de 2012 sera faite. Le nom de François Hollande ne laisse pas les dirigeants maghrébins indifférents. Sa bonhomie, sa simplicité ainsi que son passé plus ou moins « vierge » préfigurent des relations apaisées et plutôt normalisées. [/onlypaid]