Rien ne va plus entre Alger et Abu Dhabi. Les autorités algériennes ne cessent de manifester ouvertement leur hostilité à l’encontre des Emirats Arabes Unis. L’aile la plus dure et la plus nationaliste du régime algérien, à savoir l’institution militaire et ses puissants relais au sein des services de sécurité ainsi qu’au sein des diverses administrations de l’Etat, exercent cette fois-ci de fortes pressions sur le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour le contraindre à adopter des mesures punitives et radicales à l’encontre des Emirats.
Depuis le début de ce mois de septembre, un homme se trouve tout particulièrement dans le collimateur de ces lobbys qui incitent la présidence algérienne à réviser ses relations avec Abu Dhabi : il s’agit de l’attaché militaire de l’ambassade des Emirats Arabes-Unis à Alger.
Ce dernier a effectivement suscité le courroux du ministère de la Défense Nationale et du Haut commandement militaire de l’Armée algérienne avec ces refus catégoriques et successifs de se plier aux exigences formulées par le régime algérien au sujet de l’aide militaire fournie par Abu Dhabi au Maroc, l’adversaire juré et honni des dirigeants algériens.
A maintes reprises, des rencontres ont été organisées entre des dirigeants du ministère de la Défense à Alger avec l’attaché militaire émirati pour lui faire part de la colère des autorités militaires algériennes au sujet du refus des Emirats de communiquer des informations transparentes et détaillées concernant les équipements militaires acheminés ou livrés au Maroc.
Par ailleurs, certifient les sources de Maghreb-intelligence, les émiratis ont offusqué les dirigeants militaires algériens en révisant totalement leurs engagements financiers et technologiques dans les projets lancés au cours de ces 10 dernières années en partenariat avec l’Armée algérienne.
Les émirats se désengagent de ces projets et les partenaires technologiques occidentaux des investisseurs émiratis rechignent depuis 2021 à coopérer efficacement avec les autorités militaires algériennes. Ce qui compromet notamment la pérennité d’au moins 3 projets industriels financés partiellement par des investissements émiratis en Algérie.
Il s’agit de la Société algérienne de production de poids lourds de marque Mercedes-Benz/SPA à Rouiba, de celle de fabrication de véhicules de marque Mercedes-Benz/SPA à Tiaret et de celle de fabrication de moteurs de marque allemande (Mercedes-Benz, Deutz et MTU/ SPA) à Oued Hamimine (Constantine). Grâce aux soutiens financiers des émiratis, les deux premiers véhicules « Mercedes Benz » en Algérie sont sortis des chaînes de montages de l’usine de Tiaret le 26 octobre 2014.
L’usine de la Société algérienne pour la fabrication des véhicules « Mercedes Benz » (SAFAV-MB) d’Aïn Bouchekif, à Tiaret, a été inaugurée le même jour par le Général de Corps d’Armée Ahmed Gaïd Salah, ancien Chef d’Etat-major de l’armée. La SAFAV-MB, est une société mixte créée en juillet 2012 dont les parts sont réparties entre l’entreprise de développement de l’industrie automobile (EDIV) relevant du ministère de la Défense (34 %) la SNVI (17 %), le fonds d’investissement Emirati « Aabar » 49%. Le groupe allemand Daimler est le partenaire technologique.
Depuis 2021 et la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc ainsi que la mise en place par le régime Tebboune d’une stratégie diplomatique entièrement préjudiciable aux intérêts émiratis en Algérie et dans la région avec notamment un rapprochement approfondi avec l’adversaire stratégique d’Abu Dhabi, le Qatar, ces projets névralgiques ont connu un important ralentissement de leurs activités et leur avenir est compromis.
Les sources de Maghreb-intelligence soulignent que l’attaché militaire de l’ambassade des Emirats Arabes Unis a eu des discussions houleuses avec ses interlocuteurs algériens et il n’avait pas cessé de menacer les dirigeants algériens d’un retrait total, pur et simple de tous les projets militaires en Algérie des fonds investis par Abu Dhabi. C’est pour cette raison que ce haut responsable émirati a subi ces jours-ci une très intense campagne de dénigrement appelant à son départ d’Alger.
Lundi dernier, le quotidien arabophone El-Khabar avait tiré à boulets rouges sur l’attaché militaire des Emirats à Alger. « Il semble que les dirigeants d’Abu Dhabi persévèrent dans leur hostilité envers l’Algérie dont ils menacent la sécurité et les intérêts stratégiques et persistent, à travers leurs dangereux dérapages successifs, dans leur volonté de pousser vers la rupture des relations bilatérales », a expliqué ce quotidien arabophone très proche de l’institution militaire, ciblant directement l’attaché militaire émirati à Alger dont « les mouvements sont suspects et les déclarations devant ses homologues de plusieurs pays européens provocateurs », signe et persiste la même source.
Selon El Khabar, cet officier au grade de colonel répéterait à qui voudrait l’entendre qu’en cas de guerre entre l’Algérie et le Maroc, son pays soutiendrait le régime de Rabat «par tous les moyens dont il dispose». L’expulsion de ce colonel émirati a été clairement revendiquée et cette nouvelle campagne médiatique est une nouvelle forme de pressions exercées sur le présidant Tebboune pour accéder aux vœux des décideurs militaires.