Il y a une semaine, deux soldats des brigades de Mouammar Kadhafi sont pris à une trentaine de kilomètres de Beni Walid. Cuisinés par la rébellion avec l’aide d’officiers britanniques du renseignement, les deux « bidasses » se révèlent être rapidement du gros gibier. Il s’agit des membres de la garde rapprochée du guide de la révolution et de sa famille. Ils passent aux aveux. C’est une mine d’informations. Mouammar Kadhafi serait pris au piège dans la ville de Beni Walid, protégé par la puissante tribu des Warfellas. Il est accompagné de ses trois fils : Essaâdi, Al Moatassim et, bien sûr, Seif El Islam, en plus d’un millier d’irréductibles combattants. Le clan, d’après les deux prisonniers, est très soudé autour du père. Afin d’organiser la fuite de Mouammar Kadhafi vers le Fezzan et de là vers le Niger, Essaâdi propose de se rendre aux rebelles afin de masquer le retrait de sa famille. Un moment envisagé, le plan tombe à l’eau devant le refus catégorique du dictateur déchu. N’empêche, Essaâdi noue contact avec des groupes d’insurgés et leur promet la reddition. Les colonnes des rebelles tergiversent aux portes de Beni Walid dans l’espoir d’avoir une grosse prise. Pendant ce temps là, trois convois quittent la ville encerclée. Le premier rebrousse chemin vers la ville de Syrte. Les deux autres se dirigent vers le désert. C’est dans l’un de ces deux derniers convois que se trouvent Kadhafi et ses fils. Ils emportent avec eux plusieurs milliards de dollars. Ils veulent se retrancher dans l’extrême sud libyen où il serait très difficile d’aller les chercher. Ils comptent sur la protection d’AQMI, jusque-là un de leurs pires ennemis et sur celle des Touaregs, en froid avec le CNT. Le tout bien sûr sous le regard bienveillant des autorités algériennes. Les hommes envoyés par Kadhafi à Agadez dans le Nord du Niger, ont principalement pour mission de constituer une base de repli logistique pour le clan du dictateur déchu. D’après un ancien officier de la DGSE qui connait très bien cette région, le pouvoir central de Niamey ne contrôle quasiment pas cette zone frontalière. Les tribus qui y habitent ont la loyauté volatile. Si la famille de Kadhafi leur apporte de l’argent frais, ils pourraient les accueillir pendant de longs mois, voire des années. Une manière de compliquer encore plus la tâche des nouveaux dirigeants libyens.
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