Depuis le 27 juin dernier, date à laquelle un policier français a assassiné impitoyablement et avec sang froid un adolescent âgé de 17 ans à Nanterre, l’une des plus importantes banlieues populaires de Paris, la France subit des troubles, violences urbaines et des émeutes qui ont embrasé plusieurs dizaines de banlieues à travers l’ensemble des grandes agglomérations françaises. Et cet embrasement a, semble-t-il, largement profité au pouvoir algérien qui n’a pas hésité dès les premières minutes de ces évènements dramatiques à lancer une stratégie d’instrumentalisation et de récupération politique pour déstabiliser l’establishment français avec lequel est il est en froid depuis de longues semaines, notamment en raison du report, voire de l’annulation, de la visite d’Etat prévue d’Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, en mai et, plus tard, en juin dernier.
Selon diverses sources approchées par Maghreb-intelligence, Alger a déployé une stratégie des plus « diaboliques » pour tirer profit de ces violences urbaines et de la colère populaire qui a émergé dans les banlieues françaises au lendemain de la mort tragique du petit Nahel de Nanterre. Pour Alger, cette crise qui a secoué la France est une opportunité inespérée de se repositionner sur le champ politique français et d’intensifier son influence sur la diaspora algérienne qui forme la première communauté étrangère établie sur le sol français.
La mort de Nahel : une opportunité en or pour le régime algérien
Cette crise a été transformée par le régime algérien en une « fenêtre de tir » pour bousculer et déstabiliser « les lobbys les plus anti-algériens » en France, certifie à Maghreb-intelligence une source sécuritaire algérienne. Et par « lobbys anti-algériens », notre source assure que le pouvoir algérien entend considérer la « Police française », les « services de renseignements français » et le Ministère de l’Intérieur français comme faisant partie de ces « lobbys » en raison de leur politique hostile aux intérêts du régime algérien en France et de leur refus de coopération quand les dirigeants algériens demandent aux autorités françaises de « neutraliser » des opposants vigoureux et véhéments installés en France.
Pour tirer profit de cette crise interne en France, le pouvoir algérien a rapidement mis en place une stratégie redoutable. D’abord, dès le 27 juin dernier et lorsque la mort de Nahel a provoqué une onde de choc inédite au sein de la communauté maghrébine en France, Alger a instruit son ambassade à Paris et ses antennes diplomatiques dans les grandes villes françaises de « s’impliquer » grandement dans la gestion de cette crise en contactant très rapidement les proches de la victime et en exploitant massivement « ses origines algériennes ».
Issu d’une famille d’origine kabyle, originaire de Béjaïa, le petit Nahel tué par la Police française a servi de bon prétexte pour que le régime algérien surfe sur la problématique du racisme au sein des forces de l’ordre en France et récupérer politiquement ainsi ce drame en évoquant le douloureux racisme anti-algérien qui minerait supposément la France. Ainsi, le bureau de sécurité du consulat d’Algérie à Nanterre, l’un des plus importants consulats algériens dans la capitale française Paris, et les membres du service consulaires ont été instruits dès le 28 juin de prendre attache avec l’entourage familial du défunt Nahel et de participer à toutes les actions populaires exigeant la vérité ou la justice pour la mort de ce jeune adolescent français que la diplomatie algérienne va rapidement présenter comme étant membre de la communauté algérienne établie en France alors que ses relations avec l’Algérie sont tout bonnement superficielle et n’avait jusqu’à sa mort jamais visité ou connu le pays d’origine de ses parents.
Implication diplomatique algérienne dans les émeutes
C’est dans ce contexte que le 29 juin, le jour de la Marche Blanche pour Nahel organisée à Nanterre, de nombreux diplomates algériens ont assumé ouvertement leur participation à cette action de protestation contre le « racisme de la Police française ». Des associations de banlieues proches de l’ambassade d’Algérie à Paris ou entretenant un lien direct avec des consulats algériens dans la région parisienne ont été également mobilisés pour prêter main forte aux organisateurs de cette fameuse Marche Blanche qui a fini par des affrontements violents opposant des manifestants aux policiers français.
Depuis Alger, les chaînes de télévision privées algériennes mobilisent des pigistes établis à Paris pour les envoyer interviewer la grand-mère de Nahel et d’autres membres de son entourage. La Marche Blanche de Nahel est retransmise sur toutes les télés algériennes et les images sont commentées dans le sillage d’un récit qui présente la communauté algérienne comme la plus première victime des violences policières et racistes des autorités françaises. Le jour même, à savoir le 29 juin, la diplomatie algérienne franchit un nouveau cap dans la récupération politique de ce drame et publie un communiqué officielle dans lequel elle affirme que le gouvernement algérien continue à suivre avec « une très grande attention » les développements de l’affaire de la disparition « brutale et tragique » du jeune Nahel en France. C’est la première fois que l’Etat algérien s’ingère ouvertement dans une dramatique actualité purement française.
Mais la stratégie de l’instrumentalisation ne s’arrête pas-là puisque le régime algérien va opter dès le 30 juin pour le choix de la déstabilisation directe de l’Etat français. Et pour cause, des « brigades entières de trolls et de mouches électroniques » affiliés aux services de sécurité en Algérie ont été mobilisées pour inonder les réseaux sociaux de contenus digitaux ant-français et favorables aux actions de destruction et de pillages urbains. Facebook, Twitter, TikTok, etc., toutes les plateformes ont été squattées par des groupes de trolls basées en Algérie pour rediffuser largement les images des émeutes en France en postant des commentaires encourageant ces violences, diffusant des vidéos traduites en arabe et en français pour qualifier les émeutiers de combattants de la liberté, de descendants des Moudjahidine Algériens et braves jeunes assoiffés de justice.
Une guérilla électroniques pour préparer une 2ème révolution
Pis encore, des influenceurs algériens ont été mobilisés également pour appuyer la propagande de diabolisation de la Police française, défendre les jeunes de banlieue et appelé tout bonnement à une « deuxième Révolution algérienne » sur le sol français. En parallèle, toujours dans l’espace cybernétique, des figures médiatiques algériennes ont été instruites pour diffuser régulièrement des contenus anti-français appuyant le désir de vengeance des jeunes de banlieues en les présentant comme des « algériens » d’abord qui se défendent contre « des français racistes ».
L’ensemble de l’appareil médiatique algérien, télévisions, sites internet, journaux papier et médias sociaux, a été ainsi utilisé pour jeter de l’huile sur le feu et renforcer cette colère populaire dans les quartiers difficiles en France. Les contenus les plus anti-français provenaient directement des médias algériens et des communautés virtuelles sur les réseaux sociaux gérées depuis l’Algérie. Sur le sol français, des influenceurs d’origine algérienne sur TikTok ou Snapchat ont été approchés pour être priés de soutenir les jeunes de banlieue et leur « révolte légitime contre les autorités françaises.
La France est un pays raciste, islamophobe, dangereux et d’autres enfants de la communauté maghrébine seront tués par la Police française. Avec ces éléments de langage, l’opération de communication lancée par le régime algérien a tourné à la déstabilisation et elle a obtenu son effet escompté puisque tous les réseaux sociaux se sont enflammés autour de ces contenus anti-français alimentant encore davantage cette violence qui a embrasé la France. Les dirigeants algériens envoient ainsi un message clair à leurs homologues français : nous pouvons, nous aussi, « foutre le bordel » chez vous et exporter sur votre propre territoire des tensions politiques. Paris a-t-elle bien reçu le message ?
En attendant le sursaut des autorités françaises, sur le terrain, le bilan des émeutes urbaines est lourd : jusqu’au dimanche 2 juillet, le ministère français de l’intérieur comptabilisait plus de 5 000 véhicules incendiés, 10 000 feux de poubelles, près de 1 000 bâtiments brûlés, dégradés ou pillés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries, plus de 700 blessés parmi les policiers.. Un homme de 54 ans est mort dans la nuit de jeudi à vendredi, en Guyane, touché par une balle perdue tirée par un émeutier, selon la police française.