C’est une situation extravagante qui en dit long sur les incohérences de la politique actuelle menée dans la gestion des affaires étrangères par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Depuis juin 2022, l’Etat algérien affirme officiellement qu’il a imposé un boycott généralisé des importations de produits espagnols. Une sorte d’embargo commercial a été imposé et dicté par Abdelmadjid Tebboune à l’encontre de l’Espagne afin de punir son gouvernement qui a choisi de s’aligner sur la position marocaine dans le conflit dit du Sahara Occidental.
En effet, le 8 juin dernier, l’Algérie a décidé de suspendre le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne, en réaction au changement de sa position politique sur la question du Sahara occidental. Trois jours après, le commerce extérieur avec l’Espagne a été gelé du côté algérien.
Il s’avère, cependant, que ce boycott n’est pas du tout respecté par tout le monde en Algérie et des moyens de contournement ont été identifiés par certaines instances du régime algérien afin de continuer d’importer certaines marchandises depuis l’Espagne. Et c’est l’Armée algérienne, la puissante institution militaire, qui a recouru la première à un subterfuge malicieux pour continuer de s’approvisionner en Espagne. Plusieurs sources sécuritaires algériennes nous confirment effectivement que des pièces de rechanges de plusieurs équipements de télécommunication très sensibles utilisés massivement par l’Armée algérienne proviennent d’Espagne.
Et afin d’éviter une rupture qui pourrait provoquer une pénurie dommageable, le ministère algérien de la Défense Nationale poursuit ses importations de ces produits espagnols mais… en passant régulièrement par le Portugal voisin. Oui, les fournisseurs espagnols expédient depuis plusieurs semaines leurs pièces et composants au profit de l’Armée algérienne via le Portugal où des intermédiaires ont été sélectionnés afin de réceptionner ces produits et les remettre ensuite dans le circuit de l’importation vers l’Algérie. Et c’est de cette manière que l’institution militaire algérienne veille à respecter soi-disant l’embargo décidé à l’encontre de l’Espagne sans faire de bruit et sans laisser des traces qui témoignent de ses contradictions flagrantes avec le dogme de la politique anti-espagnole du président Tebboune.
D’après plusieurs sources algériennes, ce subterfuge est employé par plusieurs départements gouvernementaux ou opérateurs privés algériens qui transitent ainsi par le Portugal pour continuer d’acheter du Made In Espagne. Plusieurs de ces acteurs du sérail algérien ne partagent pas réellement la radicalité de la position d’Abdelmadjid Tebboune contre Madrid. Mais personne n’ose encore lui porter publiquement la contradiction à propos de ces choix diplomatiques controversés.