Le 14 février dernier dans la région d’Annaba, dans le nord-est de l’Algérie, les autorités du pays procèdent à l’interpellation de Raouf Farrah, un jeune chercheur canadien en géopolitique. L’infortuné universitaire qui se trouvait dans la région, avec sa femme et sa fille pour une visite familiale, a été accusé de « réception de fonds depuis l’étranger dans le but d’effectuer des actes attentatoires à l’ordre public » et de « publication sur Internet d’informations classifiées ».
Des charges que nie énergiquement Raouf Farrah ainsi que sa famille qui soupçonne les autorités algérienne de vouloir faire taire le jeune chercheur dont les travaux et les écrits portent sur le Hirak et sur le mouvement pro démocratie algérien.
Incarcéré dans la prison de Boussouf à Constantine, Raouf Farrah avait coordonné un ouvrage collectif publié au début de l’année et intitulé Algérie : l’avenir en jeu, essai sur les perspectives d’un pays en suspens. Selon des informations fiables, le Canadien aurait fait les frais de l’enquête sur la fuite de la militante Amira Bouraoui vers la Tunisie depuis la ville de Annaba.
En effet, incapable de justifier « l’extradition » vers la Tunisie et puis vers la France d’Amira Bouraoui, les enquêteurs de la police algérienne ont cherché à impliquer des personnes qui n’avaient rien à voir avec cette affaire et cela afin de « se dédouaner » aux yeux de la présidence. Raouf Farrach n’aurait, d’après ses proches et ses collègues au sein de l’observatoire du Sahel et de l’Afrique du Nord de l’ONG Global Initiative against Transnational Organized Crime, jamais rencontré Amira Bouraoui.
Selon le ministère des Affaires étrangères du Canada, quatre ressortissants canadiens, ayant demandé le soutien de la mission consulaire à Alger, sont actuellement emprisonnés en Algérie dont Lazhar Zouaïmia, un technicien d’Hydro-Québec accusé en février 2022 d’« atteinte à la sécurité et à l’unité nationale » et jeté en prison pendant 40 jours, puis retenu contre son gré en Algérie, avant de rentrer Québec en mai 2022. Finalement, il a été condamné à cinq ans de prison par contumace en novembre dernier.
Alger a multiplié ces derniers mois les exactions et les intimidations contre les opposants au président Abdelmadjid Tebboune et les journalistes indépendants.