La situation politique en Tunisie a alimenté énormément les discussions qui ont regroupé le 9 mai dernier à Alger le ministre saoudien des Affaires étrangères, l’Emir Faical Ben Farhan Al Saoud, avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune et les membres de son cabinet. Et un deal secret a été conclu entre les deux parties. Un deal qui repose sur une promesse solennelle formulée par Abdelmadjid Tebboune au sujet des relations entretenues par le régime algérien avec la formation islamiste Ennahda, la principale force politique de l’opposition en Tunisie.
Et cette promesse consiste en un engagement pris par les dirigeants algériens de ne jamais soutenir une quelconque action radicale ou protestataire du mouvement Ennahda dont le chef de file Rached Ghannouchi a été brutalement emprisonné le 17 avril dernier. Selon les informations recoupées et vérifiées par nos soins, les saoudiens, principaux soutiens de l’actuel président tunisien Kaies Said, ont fait part à Alger de leur crainte d’assister à une radicalisation des actions du mouvement Ennahda. Le chef de la diplomatie saoudienne a même partagé à Alger avec ses interlocuteurs algériens des informations témoignant de la formation de groupuscules islamistes clandestins sur le sol tunisien qui risquent d’organiser des actions de sabotage ou de déstabilisation du pays.
Face à ce signal d’alarme, Tebboune et les autres dirigeants algériens ont tenu à rassurer leur interlocuteur saoudien en lui assurant que les services de sécurité algériens vont porter une assistance renforcée aux autorités tunisiennes face à la moindre menace potentielle contre la sécurité nationale du voisin de l’est algérien. D’autre part, Abdelmadjid Tebboune a tenu à transmettre un message clair et précis aux plus hautes autorités saoudiennes à travers l’Emir Faical Ben Farhan Al Saoud que l’Algérie veillera toujours sur la stabilité de la Tunisie et n’hésitera jamais à voler au secours de Kais Saied dont la feuille de route anti-islamiste et absolutiste arrange au plus haut point Alger puisque elle permet l’instauration d’un nouveau régime politique qui s’inspire clairement du modèle autoritaire algérien.
Concernant les informations relatives aux messages échangés entre les leaders d’Ennahada et le régime algérien, Abdelmadjid Tebboune a assuré son interlocuteur tunisien que les adversaires de Kais Saied n’auront aucun soutien franc ou logistique. Mais ceci dit, Alger doit maintenir les contacts avec l’opposition tunisienne pour garantir un certain équilibre salutaire pour la stabilité de la Tunisie. Sur le dossier tunisien, l’Emir Faical Ben Farhan Al Saoud est reparti d’Alger avec beaucoup d’assurance et la ferme conviction que l’Algérie ne « poignardera jamais dans le dos » les intérêts saoudiens en Tunisie.