Les banques algériennes sont sous pression notamment la Banque Extérieure d’Algérie (BEA), la plus grande banque étatique algérienne. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune ne cesse de presser cette banque d’ouvrir rapidement des succursales dans des pays de l’Afrique de l’Ouest en commençant par le Sénégal et la Mauritanie.
Un projet très controversé parce que toutes les études commandées en interne par les établissements bancaires algériens démontrent que leur implantation dans les pays africains nécessitent des investissements conséquents qui ne seront pas rentabilisés ni à court terme ni encore moins à moyen terme à cause de l’impréparation du management de ces banques qui ont besoin d’abord de réformes profondes pour moderniser leurs services en Algérie avant de pouvoir se frotter à la concurrence internationale.
Mais cet avis a été balayé d’un revers de main par un Abdelmadjid Tebboune qui se contrefiche ouvertement de la logique économique et exige plus que jamais l’ouverture de banques algériennes dans des pays africains dans le seul but « d’emmerder » le Maroc. Le président Tebboune a tenu et défendu cette posture estimant que l’Algérie ne doit pas laisser les banques marocaines dominer le secteur financier des pays de l’Afrique subsaharienne.
Et même si les banques algériennes ne sont pas suffisamment sophistiquées ou bien gérées pour conquérir des marchés internationaux, Abdelmadjid Tebboune estime qu’elles doivent s’implanter en Afrique avec pour seul objectif de « gêner » leurs homologues marocaines. Cette démarche suscite une énorme polémique au sein du sérail algérien car la peur d’une déconfiture économique à l’étranger serait encore plus préjudiciable pour l’Algérie dans sa rude compétition contre le Maroc.
L’entêtement de Tebboune fait enfler cette polémique et les banques algériennes cherchent des solutions pour tenter de gérer cette situation complexe à laquelle ils doivent faire face. En clair, leur priorité désormais est de trouver un moyen de satisfaire le désir de Tebboune sans perdre trop d’argent.
Pour l’heure, les banques algériennes s’apprêtent à s’installer en Mauritanie et au Sénégal. Un consortium de banques algériennes ont ouvert une filiale au Sénégal qui est composé de la BNA, à hauteur de 40%, le Crédit populaire algérien (CPA), la Banque extérieure d’Algérie (BEA) et la Banque de l’agriculture et du développement (BADR), à hauteur de 20% chacune. Le même montage a été élaboré pour créer en Mauritanie l’Algerian Union Bank. Ces deux banques devront défier prochainement les banques marocaines notamment Attijariwafa Bank, Bank of Africa, et la Banque Atlantique (filiale du groupe marocain Banque Populaire) qui contrôlent près de 22 % de ce marché de l’Afrique de l’Ouest, un marché de 120 millions d’habitants, contre 10 % en 2007.