Personne à Alger ne s’attendait à l’effondrement brusque et rapide du pouvoir de Mouammar Kadhafi. Ni le DRS, pourtant présent en force en Libye, ni les hommes du président Bouteflika.[onlypaid]
Pendant de longs mois, les dirigeants algériens ont mené la vie dure aux rebelles de Benghazi, refusant de les reconnaître et allant même jusqu’à faciliter le ravitaillement en armes et en hommes des troupes fidèles à Kadhafi. D’ailleurs, si les rebelles ont pris d’assaut à de multiples reprises les postes frontières entre la Tunisie et la Libye, ils n’ont jamais osé le faire sur la frontière algérienne, pourtant plus longue. Alger misait tout sur l’enlisement du conflit. Cela lui conférait une position stratégique, puisque les grands de ce monde devaient obligatoirement faire un détour par la capitale algérienne pour essayer de « neutraliser » l’Algérie. Surestimant la capacité de Kadhafi à résister, les généraux algériens ont envenimé leurs relations avec le CNT. Les deux parties n’entretiennent aucune relation, même informelle. « Alger a tout misé sur le système de Kadhafi. C’est davantage une myopie idéologique qui montre que les actuels dirigeants algériens n’ont rien compris aux changements qui secouent le monde arabe », explique un ancien ministre algérien qui était en charge du secteur de l’énergie. Il ajoute que « Alger se trouve aujourd’hui prise en tenaille à l’est entre des régimes révolutionnaires qui aspirent à la démocratie et à l’ouest par le Maroc, qui multiplie les signes d’ouverture politique et se positionne comme modèle démocratique dans la région ». Il faut dire que la rhétorique utilisée par le ministère des Affaires étrangères algérien est aujourd’hui complètement dépassée. Avec la fuite de Kadhafi, les rêves de Bouteflika d’inscrire l’Algérie comme une puissance régionale sont définitivement tombés à l’eau. Le pays d’un million de martyrs est aujourd’hui ringardisé et regardé par les opinions publiques arabes et occidentales comme un fossile « antédiluvien » incapable de changer. D’après un diplomate européen en poste à Alger, « les généraux se sont tirés une balle dans le pied. Ils sont pris à leur propre jeu. Celui de vouloir durer au pouvoir coûte que coûte et de faire durer aussi leur environnement ». Une simple vue de l’esprit conclut-il avec ironie.[onlypaid]
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