Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi est particulièrement irrité par l’attitude de Washington qui doute de la version avancée par les britanniques pour justifier la libération controversée de Abdelbasset Megrahi. D’autant que les américains ont ouvertement accusé BP d’avoir exercé des pressions sur Londres pour obtenir la libération de Megrahi, en échange du contrat d’exploitation pétrolière au large des côtes libyennes.
Aussi, la Libye observe-t-elle un mutisme suspect, presque coupable, sur les prochains forages en eaux profondes, au large de ses côtés, par le groupe pétrolier britannique. Tripoli n’entend surtout pas apporter de l’eau au moulin des américains, courroucés par la libération de Megrahi. Ce dernier avait été reconnu coupable pour son implication dans l’attentat de 1988 contre un avion de la Pan AM, au-dessus de Lockerbie, faisant 270 morts, pour la plupart des américains.
Outre-atlantique, on n’accorde qu’un crédit modéré à la version présentée par la justice écossaise et les autorités britanniques. Aussi bien les médias que les officiels américains estiment que cette affaire sent le pétrole. Du côté des familles de victimes de Lockerbie et de nombreux sénateurs américains, la pression n’a pas faibli. Depuis plusieurs semaines, ils réclament que toute la vérité soit faite sur le rôle de la compagnie britannique dans la libération du libyen. Des pressions qui ont donné leurs fruits, puisque le Sénat américain s’apprête à examiner les circonstances de la libération de Megrahi.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, en plus des américains, Kadhafi devrait faire face à une autre levée de boucliers. Cette fois, ce sont les ONG de défense de l’environnement et plusieurs pays riverains de la Méditerranée qui sont montés au créneau. Ils sont particulièrement préoccupés par les forages en eaux profondes au large de la Libye, surtout que la catastrophe écologique provoquée justement par BP dans le golfe du Mexique, est encore présente dans les esprits.