Le 27 novembre 2022, Abdelmadjid Tebboune réunit un conseil des ministres où il fulmine contre la gestion d’Air Algérie. Pour le président algérien, le transporteur aérien national est un outil majeur pour contrecarrer la politique « expansionniste » africaine du royaume chérifien.
D’après des sources au sein d’Air Algérie, le top management de la compagnie subit continuellement des pressions d’El Mouradia leur enjoignant expressément de rattraper le retard sur la RAM voire de la dépasser en Afrique. Une exigence impossible à atteindre de l’aveu même d’un ancien haut cadre d’Air Algérie.
Il faut dire que la Royal Air Maroc évolue sur les marchés subsahariens en terrain connu, notamment en raison de la très bonne connaissance qu’ont ses cadres de ces destinations et de la flexibilité de son offre. Un exemple peut témoigner de l’avantage de la compagnie marocaine sur son alter ego algérienne : sur le marché sénégalais, la RAM effectue jusqu’à 14 rotations entre son hub casablancais et l’aéroport international Blaise Diagne de Dakar. Soit pratiquement 3 fois plus qu’Air Algérie qui n’en assure que 5 vols par semaine avec Alger-Boumediene.
Un autre exemple, celui d’Ouagadougou, illustre le décalage entre les offres des deux transporteurs en Afrique subsaharienne. Alors qu’Air Algérie assure un seul vol par semaine entre Alger et la capitale burkinabée, le transporteur marocain en effectue jusqu’à 4 par semaine utilisant parfois des Boeing 787 Dreamliner en haute saison. Sur toute l’Afrique, la RAM couvre une trentaine de destinations quand Air Algérie n’en déclare qu’une dizaine.
D’ailleurs, l’ancien haut cadre de la compagnie nationale algérienne vilipende la stratégie des autorités politiques de son pays en matière de transport aérien. « Air Algérie est hyper protégée sur le marché domestique où elle ne souffre aucune concurrence sur ses marchés les plus rentables, ce qui permet d’afficher des prix très hauts sur toutes les destinations européennes », affirme-t-il avant d’ajouter qu’Air Algérie « peut investir des milliards de dollars, acheter des centaines d’avions mais restera à la traîne par rapport à Ethiopian Airlines, Egypt Air ou la RAM pour une seule raison : l’absence d’environnement concurrentiel et manque de métier ».