Le régime algérien a développé depuis le début de l’été 2022 un énorme lobbying pour proposer une médiation entre Tunis et Tripoli dans le but de réconcilier les deux parties qui étaient en froid à cause de plusieurs importants malentendus politiques. Les efforts discrets des autorités algériennes semblent avoir payé puisque les relations bilatérales entre la Tunisie et le gouvernement de Tripoli se sont nettement améliorées et le président tunisien Kais Saied touchera prochainement les dividendes d’un prometteur début de réconciliation.
En effet, grâce aux multiples interventions d’Alger, le gouvernement de Tripoli dirigé par Abdel Hamid Dbeibah a entrepris des gestes apaisants en direction de la Tunisie alors que de vives tensions opposent les deux parties depuis au moins 2021. Les relations entre les gouvernements tunisien et libyen n’étaient pas au beau fixe depuis la venue de Dbeibah au pouvoir à Tripoli en mars 2021, malgré le fait que le président Saïed soit le premier président à faire le déplacement en Libye, quelques jours après l’entrée de Dbeiba à Tripoli.
La venue de Dbeibah au pouvoir à Tripoli avait prolongé le blocage des activités de la main-d’œuvre et des hommes d’affaires tunisiens en Libye. La commission mixte entre les deux pays, qui était prévue en avril 2021, avait été reportée à maintes reprises. Le principal sujet alimentant les tensions entre Tripoli et Tunis concernait les contentieux financiers des Libyens avec la Tunisie autour de 900 millions de dollars de dettes libyennes envers la Tunisie. Des dettes qui n’ont jamais été remboursées alors que la Tunisie voisine traverse une terrible crise financière. Ce différend aurait bloqué l’intention des Libyens de faire un dépôt en Tunisie, annoncé en mars 2021.
C’est dans ce contexte que le pouvoir algérien a volé, une nouvelle, au secours de la Tunisie de Kais Saied en proposant sa médiation et en persuadant les dirigeants de Tripoli de revenir à de meilleurs sentiments à l’égard des maîtres de Carthage.
Les interventions d’Alger auprès du gouvernement Abdel Hamid Dbeibah, aussi appelé gouvernement d’unité nationale (GNU) ont fini par débloquer la situation en permettant le lancement d’un véritable processus de réconciliation.
Preuve en est, ce 2 décembre 2022, le dossier des dettes de la Libye envers la Tunisie a trouvé une issue heureuse pour la Tunisie puisque ces dettes seraient payées d’ici la fin de l’année en cours, a rassuré le chef du gouvernement d’union nationale libyen, Abdelhamid Dbaiba, en visite officielle de deux jours en Tunisie.
Il a tenu ces propos au siège de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), la centrale patronale de Tunisie. Selon M. Dbaiba, le montant des dettes de la Libye avoisine les 250 millions de dollars, dont 85 millions dans le secteur de l’électricité et 30 millions dans celui de l’aviation civile.
Le même interlocuteur libyen a même promis de renforcer la « solidité des relations historiques » entre les deux pays et les deux peuples, soulignant que la Libye « demeure en phase de construction et a besoin de l’expertise et des compétences tunisiennes ».
« L’intégration entre les deux pays outre l’établissement de partenariats économiques est la devise de cette visite et le titre le plus marquant de la coopération libyo-tunisienne dans le avenir », a-t-il noté. Un nouveau discours qui réjouit fortement la Tunisie en espérant que les débouchés libyens de cette nouvelle coopération lui permettront d’atténuer un tant soit peu les effets de la crise financière qui l’étouffe. Encore une fois, Kais Saied peut dire merci à…. Alger.
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