Par Ilyes Aribi
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Confrontés régulièrement aux fortes pressions américaines et européennes pour prendre sa distance avec la Russie en guerre ouverte contre l’Occident depuis l’invasion de l’Ukraine, les dirigeants algériens ont été contraints de trouver des subterfuges extravagants afin de dissimuler certains axes sensibles de leur coopération sécuritaire avec les autorités russes. Parmi ces axes, le renseignement et le déploiement d’officiers russes au Sahel notamment au Nord du Mali, une région qui est devenue un terrain d’affrontements violents entre la Russie de Vladimir Poutine et des puissances occidentales à leur tête naturellement la France qui veut à tout prix préserver son influence dans cette zone stratégique en Afrique.
Et pour ne pas susciter le courroux des partenaires occidentaux tout en préservant les relations d’amitié et l’alliance avec la Russie, un stratagème a été mis en place par les services secrets algériens pour poursuivre la coopération avec leurs homologues russes dans le dossier malien. Les officiers russes et leurs collaborateurs ne se déplaceront plus à Alger discrètement et à titre officiel. Ils seront, désormais, présentés comme des « touristes » qui voudront découvrir les charmes du grand sud algérien.
Cette drôle d’idée a été concrétisée officiellement en mettant en scène un soi-disant accord de coopération dans le tourisme entre l’Office national algérien du tourisme (ONAT), une agence touristique privée et une grande agence touristique russe en vue de l’organisation des voyages au profit des touristes russes en direction de l’Algérie/
Une cérémonie officielle a été organisée dans ce sens le 25 octobre dernier par le gouvernement algérien pour faire croire à l’opinion publique que les touristes russes vont débarquer bientôt en Algérie alors que la destination algérienne est encore quasiment méconnue en Russie.
Pour donner un zest de crédibilité à ce scénario inédit et étonnant, les autorités algériennes et russes ont même organisé un voyage exploratoire organisé du 19 au 28 octobre au profit de certains opérateurs touristiques russes « pour faire connaître le produit touristique algérien et le programmer dans leurs ventes ».
A travers ce stratagème, Alger espère banaliser la présence des ressortissants russes dans les régions les plus sensibles de l’extrême sud du pays. Un scénario machiavélique qui permettra aux services algériens et russes de collaborer sur les missions les plus secrètes au Sahel tout en se faisant passer pour des « vacanciers » en quête de sensations fortes dans les grands et majestueux espaces du désert algérien. Qui peut faire mieux ?